Delphine CHAMPON

Eugénie-Louise dite Delphine Champon a marqué les esprits des années 1850 et 1860 par ses talents au piano et à l’orgue-expressif. Née à Paris de l’union illégitime d’un notable d’Anvers avec une actrice du théâtre de Lille, elle est élevée par son père seul. Elle entre au conservatoire de Lille en 1848 et y reçoit un 1^er prix de solfège (1851) ainsi qu’un 2^e prix de piano (1852). Entre 1853 et 1860, l’adolescente devient élève au Conservatoire de Paris et y suit les classes de solfège et de piano (Henri Herz). Dès 1855, elle entame une tournée de pianiste concertiste en France et en Belgique. Le journal bruxellois Le Télégraphe affirme, en 1858, que « son toucher est excellent, son mécanisme suffisamment développé, son style d’un goût très délicat ». Son parcours de concertiste se poursuit à l’orgue. Grâce à l’enseignement d’Henri d’Aubel, sa renommée sur les instruments de la maison Alexandre va s’étendre au début des années 1860. La Gazette du Progrès affirme que « cette jeune artiste a une très grande précision dans le doigté et une irréprochable délicatesse d’exécution ; sous ses doigts, l’orgue d’Alexandre défie toutes les critiques et prend sa véritable place trop longtemps contestée ». Les succès de cette « jeune fée de l’orgue », comme la nomme le journaliste Paul Ferry, profitent ainsi à la maison de fabrique française. Toutefois, bien que maints journaux lui aient prédit un grand avenir, ses concerts semblent s’arrêter de façon abrupte en 1867. Seul Le Ménestrel la mentionne, en 1876 et 1887, au détour de comptes rendus d’auditions organisées à Poitiers.