Album pour les tout-petits

Deuxième recueil de pièces pour débutants écrit par Mel Bonis, après les Scènes enfantines de 1912, l’Album pour les tout-petits semble être son plus grand succès commercial. Publié en 1913 chez Poulalion, à la veille de la dissolution de l’éditeur, elle dut néanmoins céder ses droits sur le volume pour en assurer la reprise par la maison Philippo et ne put donc jamais en tirer un bénéfice financier. À 55 ans, la compositrice, grand-mère depuis peu, s’intéresse à l’attractivité des premiers pas pianistiques. Elle rompt avec la logique voulant que le premier contact avec l’instrument se fasse au gré d’exercices purement techniques. Au contraire, par ses titres amusants et ses illustrations, la suite de vingt pièces appelle au jeu et fait passer inaperçu le travail digital qu’elle permet. À chaque numéro correspond en effet une attention pédagogique particulière : les dynamiques, le rythme, le déplacement des mains, polyphonie, etc. La pédagogue suisse Marcelle Cheridjian écrit à la compositrice en février 1914 : « Vos petites pièces sont tout simplement adorables ! Au point de pédagogiques, je les trouve parfaites, peut-être parce que correspondant à ma manière de comprendre l’enseignement du piano aux tout petits. Je trouve qu’il faut avant tout les amuser […]. » En passant de Poulalion à Philippo, le recueil connaît une modification : l’avant-dernière pièce – Élégie – est remplacée par Douce amie. Forte de ce succès, Mel Bonis reviendra aux productions pour enfants après la Grande Guerre, notamment avec Dix-sept Pièces enfantines (1926) et Miocheries (1928).