Barcarolle no 2 op. 80
Dans la France du dernier quart du XIXe siècle, alors que la seconde révolution industrielle bat son plein, une société nouvelle se dessine : les transports se développent, les villes s’industrialisent et la République s’installe durablement. Face à la modernité d’un monde qui semble avancer toujours plus rapidement, certains compositeurs explorent un registre nostalgique dans les œuvres qu’ils destinent aux salons de la haute société. Cette dernière, issue d’une grande bourgeoisie du commerce et de l’industrie, tend à imiter les anciennes élites : elle s’aristocratise et se plait à rêver – loin du tumulte de leur époque – d’un âge d’or révolu, où le temps suspendu permettait de contempler la vie. La barcarolle répond à cet état d’esprit. Entrée dans le répertoire des pianistes de salons depuis les années 1840 (Mendelssohn, Chopin, Liszt), elle redevient un genre à la mode dans les années 1880 : le temps d’une courte pièce dont le rythme ternaire illustre le mouvement des gondoles et le clapotis des canaux, une nouvelle génération de compositeur revisite alors l’esprit romantique plutôt que de répondre aux sirènes du wagnérisme. Gabriel Fauré débute, en 1881, un cycle de treize barcarolles qui s’achèvera en 1921. Publiée en 1884, la Deuxième Barcarolle s’inscrit elle aussi dans une série de six pièces qui jalonnent – de l’opus 44 (1878) à l’opus 129 (1891) – la production de Godard pour chant et piano, ou piano seul. L’opus 80, en fa mineur, noté « Andantino, tranquillo », propose trois développements successifs de son thème initial – pianissimo – s’agitant au gré des traits de bravoure demandés à l’interprète.
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date de publication : 25/09/23
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