La Boîte à joujoux

Le dessinateur et décorateur André Hellé avait illustré La Boîte à joujoux, livre pour enfants qui raconte le conflit entre de méchants polichinelles et de vaillants militaires, et se conclut sur le mariage d’une poupée et d’un soldat. Lorsqu’il propose à Debussy de convertir l’histoire en ballet, le compositeur accepte volontiers. Depuis la naissance de sa fille Chouchou, il est particulièrement sensible à l’univers de l’enfance, mais conscient de la difficulté à transposer sa fraîcheur et son innocence : « J’ai essayé d’être clair, et même ‘‘amusant’’, sans pose, et sans inutiles acrobaties », confie-t-il à son éditeur Durand. Les trois personnages principaux sont caractérisés par des motifs musicaux : une valse pour la poupée, un thème grinçant pour le polichinelle, une claire fanfare pour le soldat. Par ailleurs, Debussy cite les comptines Il était une bergère et Fais dodo, ainsi que son propre Petit Nègre (1909), pièce pour piano dans le style d’un cake-walk : grâce aux tournées de l’orchestre de John Philip Sousa, il avait découvert cette danse aux rythmes syncopés qui lui a également inspiré le prélude « General Lavine » - eccentric et Golliwogg’s Cake-Walk (dernière pièce de Children’s Corner). En dépit du projet de représenter La Boîte à joujoux à l’Opéra-Comique (des enfants auraient incarné les personnages), il n’écrit que la version préparatoire pour piano. L’orchestration du ballet est achevée après sa mort par André Caplet à partir de ses esquisses. La création a lieu à Paris le 10 décembre 1919, au Théâtre lyrique du Vaudeville avec des décors et costumes d’André Hellé, sous la direction de Désiré-Émile Inghelbrecht.