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Les Cathédrales

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Prélude pour le poème dramatique d'Eugène Morand.

En 1915, le dramaturge Eugène Morand sollicite Gabriel Pierné pour la musique de scène de son poème dialogué Les Cathédrales. Solennelle, patriote et puissamment expressive, l’œuvre met en scène la tragédie de la Grande Guerre. Les cathédrales françaises, personnifiées, narrent les préjudices qu’elles ont subis et les souffrances de la population. Le spectacle est créé avec succès le 6 novembre 1915 au Théâtre de Sarah Bernhardt. La comédienne, dans le rôle de la cathédrale de Strasbourg, incarne littéralement le martyre : elle s’est fait amputer de la jambe droite peu auparavant. La musique de scène est formée de plusieurs morceaux, mais seul le monumental Prélude, dédié au chef d’orchestre Camille Chevillard, est joué isolément en concert (les autres morceaux sont Chanson picarde, Chœur alsacien, Reims, Épisode des Églises et Épisode des Flandres). La partition compte parmi les plus sombres inspirations de Pierné, proche de sa fresque L’An mil et marquée par l’univers sonore franckiste. Dans le Prélude, véritable poème symphonique avec chœur mixte ad libitum, le musicien offre un équivalent du décor suggéré par Morand : « Plaine dévastée, submergée de brouillard et noyée de brume, une plaine du Nord entre les tranchées. » Un thème se déroule lentement aux cordes, contrebasson et clarinette basse : c’est une déformation de La Marseillaise, méconnaissable. Puis un soldat rêve de la victoire – appels de cuivres, entrée du chœur, la musique se fait martiale. La trompette au loin fait résonner La Marseillaise, cette fois identifiable. Le morceau se referme sur l’illustration des mots de Morand : « Une cloche, au loin, se lamente dans la nuit. »