Cigale

Conçue pour une fête de charité finalement ajournée, Cigale tire son argument de la célèbre fable de La Fontaine. Dans son petit intérieur, Cigale vit heureuse. Quand la Pauvrette frappe à sa porte, elle la console de ses peines de cœur. Sous l’œil amusé de Mme Fourmi, elle lui offre sa mante, son lait et le gâteau juste sorti du four, avant de retrouver son Petit Ami. L’hiver venu, Cigale erre le long de la route neigeuse. Elle frappe chez Mme Fourmi qui refuse d’ouvrir et lui lance : « Hé bien danse maintenant ! » Seule dans le froid de l’hiver et voyant passer la Pauvrette au bras du Petit Ami, Cigale se laisse mourir. C’est Henri Cain, librettiste de Sapho et de Cendrillon, qui propose à Massenet ce scénario modernisé offrant quinze épisodes différents. Si l’orchestration reste traditionnelle, les écritures mélodiques et rythmiques sont vives et foisonnantes. D’amusantes variations sur Au clair de la lune accompagnent Cigale qui implore Mme Fourmi d’ouvrir sa porte. La Mort de Cigale est une autre page remarquable, tandis que s’élève au lointain la voix des anges. Lors de la création à l’Opéra-Comique à l’occasion de la « représentation annuelle au bénéfice du petit personnel », c’est la voix de Julia Guiraudon, épouse d’Henri Cain, qui s’élève lors du final. Jeanne Chasles, plébiscitée par le public parisien, crée le personnage de Cigale et Mariquita, maîtresse de ballet de la salle Favart, signe la chorégraphie. Seules dix représentations sont données à l’Opéra-Comique jusqu’en 1950. Excepté les représentations à l’Opéra de Saint-Étienne en novembre 2003 par le Malandain Ballet Biarritz, Cigale demeure aujourd’hui absente de la scène chorégraphique.