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Les Djinns

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Poème symphonique pour piano et orchestre. Créé le 15 mars 1885 à la Société nationale de musique. FWV 45.

Les Djinns se situent à la croisée de deux genres musicaux habituellement distincts : le concerto, puisqu’un piano se joint à l’orchestre ; et le poème symphonique, ici inspiré par un extrait des Orientales de Victor Hugo. Si Liszt avait ouvert la voie avec sa Danse macabre (achevée vers 1862), la partie de soliste des Djinns est toutefois moins virtuose et davantage intégrée à l’orchestre. C’est la pianiste Caroline Montigny-Rémaury, future dédicataire de l’œuvre, qui aurait soufflé l’idée d’une partition en marge du genre du concerto. Mais lors de la création, le 15 mars 1885 à la Société nationale de musique sous la direction d’Édouard Colonne, le public déconcerté par la facture de l’œuvre applaudit surtout le pianiste Louis Diémer. Le poème d’Hugo est connu pour sa forme en losange qui transpose le surgissement des djinns et leur disparition : les vers, d’abord constitués de deux syllabes, s’allongent peu à peu jusqu’à former des décasyllabes ; puis ils se réduisent et retrouvent leur taille initiale. Mais bien que Franck commence et termine dans une nuance piano, il ne respecte pas exactement la trajectoire du poème : des tutti alternent avec des solos de piano ; un épisode lyrique prend place au centre de la partition, là où le poème laisserait attendre un sommet d’intensité. En outre, il atténue la dimension fantastique (plus évidente dans Le Chasseur maudit, son poème symphonique de 1883), et supprime la couleur orientale au profit d’une relecture chrétienne. Il conçoit en effet les djinns comme des esprits malfaisants (ce qui n’est pas toujours le cas dans la mythologie arabe), en définitive vaincus par la bonté.