Dom Sébastien, roi du Portugal

Dom Sébastien est l’avant-dernier ouvrage lyrique composé et le dernier à être révisé par Donizetti qui, souffrant lourdement des effets de la syphilis, cesse définitivement d’écrire en 1845. Le scénario repose sur le récit fictif d’un événement historique : l’expédition fatale, au Maroc, du roi Sébastien I^er du Portugal. Laissant le royaume entre les mains d’un régent et d’un grand inquisiteur, Dom Sébastien embarque pour l’Afrique avec le poète Camoëns venu solliciter la grâce d’une captive. Arrivée à Fez, celle-ci est rendue à son père, mais refuse de se donner au chef de tribu Abayaldos. Lorsque les deux camps s’affrontent et que les Portugais sont vaincus, Zaïda s’offre finalement à Abayaldos afin que Dom Sébastien ait la vie sauve. Composée en l’espace de deux mois, la partition de Donizetti offre de l’unité à une intrigue fardée de multiples péripéties secondaires. Dès l’introduction, le compositeur fait entendre le motif de marche funèbre qui jalonne l’œuvre. Au I^er acte, la cavatine de Camoëns s’égrène dans un deux temps souple et enlevé, typiquement donizettien. Rendue célèbre par son illustre créateur Gilbert Duprez, la romance finale du II^e acte et son accompagnement de flûte et de cor constituent la plus délicate page, quand la grande marche funèbre du III^e acte assure la dimension spectaculaire propre au grand opéra. La partition culmine enfin dans le septuor concertant des inquisiteurs (IV^e acte), tandis que l’orchestre insuffle toute la dualité des sentiments et nourrit la gravité du propos dans un climax dramatique qui se brise pour faire place à un moment hors du temps et baigné de grâce. À sa création, l’ouvrage connaît des répétitions mouvementées durant lesquelles l’équilibre musical survit de justesse aux remaniements incessants du livret. Sa coupe définitive, plus tardive, témoigne de la ténacité du compositeur face à Scribe.