Don César de Bazan

Depuis Le Domino noir d’Auber (1837) et Le Toréador d’Adam (1849), l’espagnolade inspire chacun des musiciens français jusqu’à Bizet, Chabrier, Ravel et Debussy. Massenet ne fait pas exception alors qu’il accepte le livret de Don César de Bazan. Dans l’Espagne de Charles II, Don César vole au secours du jeune Lazarille et provoque en duel le capitaine qui brutalisait l’enfant. Alors qu’un édit royal condamne à mort tout homme se battant durant la Semaine Sainte, Don César est conduit en prison. Il échappe de justesse à l’exécution pour venger le roi, victime d’un complot, qui le remercie en le nommant gouverneur de Grenade. De la pièce éponyme, d’Ennery et Chantepie tirent un livret allégé de trop grandes tirades et descriptions. L’action s’y trouve claire et dynamique, propice à inspirer le jeune compositeur de 30 ans. La partition de Massenet convoque des motifs de fandangos, boléros et séguedilles et fait état d’une grande maîtrise des différents registres dramatiques, confirmant déjà la prédestination du compositeur pour le théâtre lyrique. À sa création l’œuvre connait un succès relatif, bien qu’elle réunisse en scène un trio d’artistes remarquables : Célestine Galli-Marié (Lazarille), Paul Lhérie (Charles II) et Jacques Bouhy (Don César) qui, trois ans plus tard créent Carmen, Don José et Escamillo. Disparue dans l’incendie de la salle Favart de 1887, la partition de Don César de Bazan est entièrement réécrite par Massenet en 1888. De la Sévillana, initialement pour orchestre et si appréciée du public, le compositeur tire alors un air particulièrement acrobatique, très prisé des coloratures.