Don Quichotte

Avant même le cuisant échec de Bacchus, Massenet reçoit la suggestion de Raoul Gunsbourg de concevoir un opéra d’après Le Chevalier de la longue figure, pièce de Jacques Le Lorrain créée le 3 avril 1904 au Théâtre Victor Hugo (Paris). Le directeur de l’Opéra de Monte-Carlo y voit le sujet idéal pour mettre en valeur la célèbre basse slave Feodor Chaliapine. Dans l’Espagne du Moyen-âge, Don Quichotte s’éprend de Dulcinée. Mais s’il veut la conquérir, il doit retrouver le collier qu’on lui a volé. C’est chose faîte, mais la courtisane se déclare indigne du chevalier qui reprend sa route. Cette Dulcinée, plus malicieuse et coquette que la simple fille d’auberge de Cervantès déplace le ressort dramatique. Cain accentue également le comique de Sancho, abrège certains épisodes et en allonge d’autres comme celui des moulins à vent. Massenet se réjouît du livret et apprécie particulièrement la puissance poétique de cette nouvelle Dulcinée qu’il destine déjà à Lucy Arbell. Le travail de composition débute l’été 1908, après la mise au propre de Bacchus, pour s’achever un an plus tard. Sur proposition de Lucy Arbell, Massenet écrit pour Dulcinée un accompagnement de guitare que la contralto réalise elle-même en scène, au point que le compositeur ajoute sur sa partition manuscrite : « L’accompagnement de guitare doit être exécuté par l’artiste elle-même, ceci est absolu. » Quatrième opéra de Massenet créé à l’Opéra de Monte-Carlo, Don Quichotte bénéficie de l’approbation du public, même si la critique dénonce un livret qui trahit l’esprit de Cervantès. Donné en mai à Bruxelles et en novembre à Moscou, la première parisienne a lieu le 29 décembre 1910 au théâtre de la Gaîté.