L' Étranger

Sur un rivage de l’océan, l’Étranger nouvellement venu est le seul à prendre du poisson. Sans chercher de gloire, il offre sa pêche à qui revient bredouille. Pêcheurs et ouvrières l’accusent pourtant de sorcellerie, excepté Vita qui s’éprend de lui et retarde son mariage avec André. Mais l’Étranger entend déjà l’appel du large. Parce qu’il voue son destin à tous, l’Étranger refuse que Vita se lie à lui et lui offre en réconfort l’émeraude de son bonnet. Quand Vita jette l’émeraude à la mer, une tempête éclate et menace le canot d’un pêcheur. Alors que nul n’ose s’y risquer, l’Étranger part à son secours et Vita rejoint subrepticement l’embarcation. Tous observent la progression du sauvetage quand une gigantesque vague s’abat et englouti le naufragé et ses sauveteurs. La dimension philosophique du livret recueille autant de louanges que la partition ne connait de détracteurs. Pourtant, c’est bien l’alchimie entre poème et musique qui offre une si noble expression aux thèmes de la charité et du devoir. D’Indy donne à l’orchestre un rôle central, prenant en charge différents leitmotive et maintenant d’un bout à l’autre la tension dramatique. L’écriture vocale vise un point d’équilibre entre des pages d’un net engagement et des épisodes tout en retenue, assurant l’efficacité du drame autant que sa portée symbolique. Enfin, l’usage de chants populaires confirme l’intérêt du compositeur pour le régionalisme. Pourtant, L’Étranger connait un accueil froid à sa création bruxelloise (7 janvier 1903) autant qu’à sa création parisienne (4 décembre 1903 à l’Opéra). La réputation monarchiste et antisémite du compositeur expliquent en partie le sort – pourtant injuste – fait à l’ouvrage.