Grande Ouverture du Roi Lear
Berlioz lut Le Roi Lear de Shakespeare sur le chemin vers la villa Médicis. Ayant appris le mariage de sa fiancée Camille Moke avec Camille Pleyel au début de son séjour romain, il décida aussitôt d’assassiner les traîtres et de se brûler la cervelle. De retour vers Paris, une étape à Nice eut toutefois raison de son extravagant dessein. « Voilà la vie et la joie qui accourent à tire d’aile, et la musique qui m’embrasse, et l’avenir qui me sourit », rappela-t-il plus tard dans ses Mémoires. C’est au bord de la Méditerranée, où il passa « les vingt plus beaux jours de [sa] vie » en avril-mai 1831, qu’il compose sa Grande Ouverture du Roi Lear. Assez développée, cette ouverture (la plus longue de Berlioz) ne prétend pas résumer le drame de Shakespeare, même si – de l’aveu du compositeur – les roulements de timbales, vers la fin de la partie lente, accompagnent « l’entrée de Lear dans son conseil, pour la scène du partage de ses États ». Berlioz évoqua aussi la folie du souverain « vers le milieu de l’allegro, quand les basses reprennent le thème de l’introduction au milieu de la Tempête ». Le 22 décembre 1844, dans la salle des concerts du Conservatoire, le public parisien découvre cette œuvre insolite, dirigée par Narcisse Girard. La structure s’émancipe en effet des canons habituels : la première partie, Andante non troppo lento ma maestoso, occupe plus du tiers de la durée totale ; la seconde, Allegro disperato ed agitato assai, n’a plus grand-chose à voir avec la forme sonate. Le discours emprunte des directions imprévisibles, mais termine avec des accents de triomphe encore conventionnels.
Colloques et études
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date de publication : 25/09/23
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