Gwendoline
Opéra en 2 actes et trois tableaux créé au théâtre de la Monnaie de Bruxelles.
Paul Lacome, bouleversé par le deuxième acte de Gwendoline que lui joua son ami Emmanuel Chabrier, écrit aussitôt à sa femme : « C’est tout bonnement sublime et je crois vraiment qu’il a du génie. Mais c’est d’un difficile ! Tellement difficile qu’il est à craindre que ça ne le mène à rien et qu’il n’en retire que du découragement. Voilà la destinée des gens trop haut perchés. » Ces mots résument assez bien le destin de l’opéra de Chabrier, qui, ébauché au printemps 1879 ne sera joué à l’Opéra de Paris qu’en décembre 1893. Catulle Mendès a rapporté comment Chabrier vint le voir un matin en disant : « Il me faut avant trois jours un livret d’opéra, je compte sur vous. » Le librettiste se met au travail le 10 mars 1879, en s’inspirant d’un personnage de La Conquête d’Angleterre d’Augustin Thierry. C’est à la Monnaie de Bruxelles que l’opéra connaît sa première, le 10 avril 1886, et rencontre un vrai succès. Malheureusement le Théâtre doit déposer le bilan. Le chef Felix Mottl fait alors connaître l’œuvre outre-Rhin en 1889, où elle est appréciée. Toute wagnérienne qu’elle soit, Gwendoline n’en comporte pas moins des « lignes mélodiques magnifiques, des chœurs puissants, vigoureux, et une orchestration, une pâte sonore d’une richesse merveilleuse » (J.-P. Penin). Les rôles sont très difficiles : Gwendoline doit pouvoir allier un riche medium et des aigus agiles, dans un ambitus allant du si grave au contre ré bémol, tandis que le baryton Harald est très souvent confiné dans le haut de son registre. La suspension diaphane du chant d’amour de l’acte II, « Soir nuptial », avec contrechant de violon solo, ultime moment de rêverie et de paix avant la bataille, retrouve l’atmosphère troublante du duo entre Ursula et Héro de Berlioz, tandis que Ravel s’est peut-être souvenu de l’ouverture, évoquant les humeurs de la mer chère au compositeur dans le lever du soleil de Daphnis et Chloé.
L’intrigue
Au 8e siècle, le Danois Harald, roi des mers débarque en terre saxonne, bien décidé à la piller et la brûler, lorsqu’apparaît la jeune Gwendoline, fille du vieil Armel. Harld s’éprend d’elle et demande sa main à son père, qui accepte mais confie à sa fille un couteau avec lequel elle devra tuer son époux au soir de leur mariage, tandis que les Saxons frapperont les Danois affaiblis par le repas de noces et la boisson. Éprise sincèrement d’Harald, Gwendoline lui révèle le stratagème. Après un langoureux duo d’amour (« Soir nuptial »), c’est la bataille, dans laquelle Harald plonge en tenant le couteau qui devait le tuer. Les Danois fuient ou succombent. Alors qu’Armel ordonne qu’on achève Harald, acculé à un arbre, couvert de blessures, n’ayant plus qu’un tronçon de couteau, Gwendoline se jette dans les bras de son époux et se frappe. Expirants, regardant le flamboiement des navires danois comme une aurore boréale sur la mer, les amants « glorieux et joyeux [voient] déjà s’ouvrir le Walhalla des héros et des vierges guerrières » (C. Mendès).
Documents et archives
Illustration de presse
Scène de Gwendoline (Chabrier) : acte II épitalame
Illustration de presse
Gwendoline de Chabrier à l'Opéra
Illustration de presse
Maurice Renaud dans Gwendoline de Chabrier
Illustration de presse, Image de scène, Photographie
Maurice Renaud en Harald (Gwendoline de Chabrier)
Colloques et études
Voir le document répertoriéPermalien
date de publication : 25/09/23
Accéder à la recherche