Images « oubliées »
Lent (mélancolique et doux) – Souvenir du Louvre – Quelques aspects de Nous n’irons plus au bois parce qu’il fait un temps épouvantable
Dans ses premières pièces pour piano, Debussy assimile l’héritage du XIXe siècle et s’inspire de la suite baroque. Puis il accède véritablement au style de sa maturité en se référant à des éléments visuels. Le titre des recueils composés dans les premières années du XXe siècle en témoigne : Estampes (1903), les deux séries d’Images (1901-1907). Mais, en fait, il s’était aventuré sur ce terrain dès l’hiver 1894, avec trois pièces restées inédites jusqu’en 1977 (la deuxième parut toutefois isolément dans le supplément du Grand Journal du lundi, le 17 février 1896). L’éditeur new-yorkais Theodore Presser les intitule alors Images oubliées, communément adopté depuis, et titre la deuxième pièce Souvenir du Louvre. Sur son manuscrit, Debussy avait écrit la dédicace suivante : « Que ces Images soient agréées de Mlle Yvonne Lerolle [fille du peintre Henry Lerolle] avec un peu de la joie que j’ai de les lui dédier. Ces morceaux craindraient beaucoup “les salons brillamment illuminés” où se réunissent habituellement les personnes qui n’aiment pas la musique. Ce sont plutôt des “conversations” entre le piano et soi ; il n’est pas défendu d’ailleurs d’y mettre sa petite sensibilité des bons jours de pluie. » Le recueil témoigne d’une nette évolution stylistique, notamment dans le domaine de l’harmonie. La deuxième Image n’est autre que la première version de la Sarabande de Pour le piano (1894-1896, révision en 1901), à jouer « avec une élégance grave et lente, même un peu vieux portrait, souvenir du Louvre », selon l’indication placée en tête de la pièce. Quant au troisième morceau, au titre humoristique, il constitue un état préparatoire de Jardins sous la pluie, la dernière des Estampes.
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date de publication : 06/09/23
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