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Marie Stuart et Rizzio

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Cantate pour le concours du prix de Rome de composition musicale 1837.

Le livret de la cantate du Prix de Rome de 1837 – Marie Stuart et Rizzio – répond à la mode ambiante pour le style gothique, mis à l’honneur en France sous la Restauration par la duchesse de Berry. À cette époque, vignettes d’Écosse et d’Angleterre distillent auprès du grand public ces atmosphères que les traductions de Walter Scott décrivent avec une poésie toute romantique. C’est sans doute pour cette raison que le texte de Léon Halévy imposé aux candidats s’épanche longuement en pages lyriques évoquant souvenirs de France et passé amoureux révolu. Gounod développe la veine poétique d’Halévy dans un style très italianisant lorsque l’occasion d’un chant large se présente. N’oublions pas que l’opera seria moderne étale à la même époque le luxe de son cantabile au legato incomparable, et ce au cœur même de Paris : au Théâtre-Italien où brillent mesdames Sontag, Pasta, Malibran, Grisi, et messieurs Lablache, Rubini ou Tamburini. Gounod y avait peut-être assisté quelques mois plus tôt à la création triomphale d’I Puritani de Bellini, en janvier 1835 ? Le prélude de sa cantate surprend par son orchestration économe (cordes à l’unisson et timbales, heurtés de quelques notes de cor) mais aussi par la véhémence de son motif initial, particulièrement haletant. La rencontre entre Marie et Rizzio – après un bref récitatif de l’héroïne – est précisément l’occasion de raviver le souvenir du passé par des coloris harmoniques remarquables (on entend passer les tonalités de bémol majeur, fa# mineur, la bémol majeur, etc.) et des rythmes de chansons mélancoliques. Les voix s’entrecroisent et échangent leurs courtes vocalises. Mais une fois Rizzio reparti, Marie entame un récitatif dans le plus pur style tragique, que la mort de son amant transmuera en un air de bravoure héroïque hérité de l’ancienne tragédie lyrique et relu au prisme du grand opéra moderne. D’après Gérard Condé, citant Prod’homme et Dandelot (Gounod, sa vie et ses œuvres, 1911), des fragments de cette cantate auraient été exécutés le 23 novembre 1837 pour la réouverture de l’Athénée musical de la ville de Paris. Mais, dans Le Ménestrel du 3 décembre 1837, un compte rendu signale seulement que « M. Gounod, second lauréat pour le grand prix de l’Institut, a fait entendre un fragment de symphonie de sa composition et dont le Scherzo promet un véritable talent pour traiter ce genre élevé ». Il est donc fort probable que Marie Stuart soit en fait un inédit absolu dont Gounod n’entendit jamais une seule mesure de la version orchestrale.

Permalien

https://www.bruzanemediabase.com/node/6063

date de publication : 25/09/23



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