Les Naïades et le Faune indiscret
Cette pièce pour piano fut publiée en 1952 seulement, après que la fille de Séverac en eut découvert le manuscrit. Le compositeur l’avait commencée en 1908, et l’acheva probablement en 1919. À l’origine intitulée Les Nymphes de Valvins, elle était une référence à la localité où ses amis Godebski passaient la belle saison. Séverac leur rendit visite plusieurs fois entre 1906 et 1909. En outre, comment ne pas songer à Mallarmé, qui séjourna lui aussi souvent à Valvins ? Le musicien se rappela peut-être ces vers de L’Après-midi d’un faune : « Mon œil, trouant les joncs, dardait chaque encolure / Immortelle, qui noie en l’onde sa brûlure / Avec un cri de rage au ciel de la forêt ; / Et le splendide bain de cheveux disparaît / Dans les clartés et les frissons, ô pierreries ! » Quand il choisit le titre Les Naïades et le Faune indiscret, il ajouta le sous-titre « Souvenir de Valvins », qu’il remplaça ensuite par « Danse nocturne ». Pourtant, la pièce suggère davantage une atmosphère diurne, car elle privilégie le registre aigu, des formules pianistiques étincelantes, des harmonies à la fois sensuelles et limpides. Un épisode remarquable porte d’ailleurs l’indication « lumineux ». Nymphes au crépuscule pour orchestre et chœur de femmes (1901-1902), sur un sujet similaire, révélait encore l’influence prégnante de Debussy. Dans Le Faune indiscret, Séverac reste fidèle à la légèreté et à la transparence caractéristiques d’une certaine esthétique française, mais il leur imprime des accents personnels attestant sa pleine maturité.
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date de publication : 25/09/23
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