Nocturnes
1. Nuages – 2. Fêtes – 3. Sirènes
Bien des ombres planent sur la genèse du deuxième chef-d’œuvre orchestral de Debussy, après le Prélude à L’Après-midi d’un faune (1894). Reprend-il les esquisses des Nocturnes pour violon et orchestre destinés à Eugène Ysaÿe, projet anéanti par une brouille ? Debussy composa son triptyque orchestral entre 1897 et 1899, entendit la création des deux premiers volets le 9 décembre 1900 par l’Orchestre Lamoureux dirigé par Camille Chevillard. Il dut attendre le 27 octobre 1901 pour assister à la création de l’œuvre intégrale, par les mêmes interprètes : lors du premier concert, la scène n’avait pu recevoir le chœur féminin de Sirènes. Debussy présenta sa partition en ces termes : « Le titre de Nocturnes veut prendre ici un sens plus général et surtout plus décoratif. Il ne s'agit donc pas de la forme habituelle de Nocturne, mais de tout ce que ce mot contient d'impressions et de lumières spéciales. Nuages : c’est l’aspect immuable du ciel avec la marche lente et mélancolique des nuages finissant dans une agonie grise, doucement teintée de blanc. Fêtes : c’est le mouvement, le rythme dansant de l’atmosphère avec des éclats de lumière brusque, c’est aussi l’épisode d’un cortège (vision éblouissante et chimérique) passant à travers la fête, se confondant avec elle, mais le fond reste, s’obstine, et c’est toujours la fête et son mélange de musique, de poussière lumineuse participant au rythme total. Sirènes : c’est la mer et son rythme innombrable, puis, parmi les vagues argentées de lune, s’entend, rit et passe le chant mystérieux des Sirènes. » S’il faut se garder des comparaisons simplistes, on ne peut s’empêcher de songer aux Nocturnes peints par James Whistler dans les années 1870, tant Debussy et lui se ressemblent par leurs subtiles variations de coloris, leur économie de moyens et leur inspiration puisée dans des souvenirs que filtre l’imagination.
Focus
Permalien
date de publication : 25/09/23
Accéder à la recherche