Les Nuits d’été

Cycle de six mélodies pour soprano ou ténor accompagné au piano, Les Nuits d’été – dont la composition est entamée en 1835 – sont publiées à Paris en 1841 et dédiées à la compositrice Louise Bertin, fille du directeur du Journal des débats (dans les colonnes duquel Berlioz s’exprime depuis 1835). L’orchestration de l’œuvre est plus tardive (1856) : répondant à la demande d’un éditeur, Berlioz se charge lui-même de cet exercice et en profite pour changer la nature même du cycle. Il dédie alors chacune des mélodies à un interprète différent : les six artistes sont chanteurs « de chambre » de l’archiduché de Weimar – espace qui, sous la direction de Liszt, a œuvré à la création des œuvres de Berlioz. Si l’on a peut-être les moyens, à Weimar, de faire entendre ce cycle tel quel dans sa totalité, ce n’est pas le cas dans le reste de l’Europe. En multipliant les tessitures nécessaires pour son exécution exacte, Berlioz condamne – certainement consciemment – son cycle à être démantelé, exploité en numéros séparés. Ce geste n’est sans doute pas anodin. Les spécialistes de Berlioz s’étonnent, dans l’immense corpus de ses textes publiés, de ne pas lire une seule ligne consacrée aux Nuits d’été, que l’on considère pourtant comme l’un de ses chefs-d’œuvre. Écrites alors que Berlioz connaît une déception amoureuse due à Harriet Smithson, ces mélodies agencées en cycle renfermaient une blessure de jeunesse que le compositeur vieillissant aura voulu oublier. La réorchestration moderne des Nuits d’été pour la tessiture qui lui était initialement destinée permet aujourd’hui de goûter pleinement les sublimes souffrances de la jeunesse romantique.