Rêverie et Caprice pour violon et orchestre op. 8
Le titre de cette partition de 1841 laisse attendre un diptyque modelé sur le schéma cantabile-cabaletta d’une scène lyrique. En fait, il est construit selon un schéma AA’, chacune des deux parties comprenant un Adagio et un Allegro vivace. Mais le passage du premier tempo au second se fait progressivement, grâce à des changements de dynamiques (surtout dans les sections rapides) et à l’écriture rythmique de plus en plus dense. En tête de la partition, la notice du compositeur, qui évoque les états d’âme d’un homme romantique épris d’absolu, justifie ces sautes d’humeur : « Il va s’élancer dans ces sentiers lumineux où la vie se dépense insoucieuse, tout éperdu de tressaillements… Le doute le retient courbé sous son embrassement farouche. Il souffre encore ; il désespère… » En fait, Rêverie et Caprice reprend le matériau de la Romance de Teresa « Ah ! que l’amour une fois dans le cœur », prévue pour l’acte I de Benvenuto Cellini : Berlioz a donc transféré les sentiments de son héroïne à un personnage masculin. Coupé dès 1838, l’air fut sauvé par l’une des rares œuvres de Berlioz pour instrument soliste et orchestre. Mais comme Harold en Italie, Rêverie et Caprice refuse la dialectique concertante, puisque le violon est presque toujours au premier plan (à l’instar de la voix dans le morceau d’origine). Destiné au violoniste belge Alexandre Artot, il fut souvent programmé par Berlioz lors de ses tournées à l’étranger, joué alors par d’éminents solistes comme Ferdinand David, Joseph Joachim et Henryk Wieniawski.
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date de publication : 25/09/23
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