Rodrigue et Chimène
Opéra inachevé.
Après l’obtention de son prix de Rome, Debussy peine à satisfaire les académiciens et à s’imposer dans le milieu musical. Dès lors, quand l’écrivain Catulle Mendès lui propose de mettre en musique le livret de Rodrigue et Chimène, il voit là une possibilité d’obtenir cette reconnaissance qui lui fait encore défaut. Bien que le sujet ne soit pas neuf (Le Cid de Massenet avait été créé en 1885), Debussy engage la composition en 1890 et termine deux actes en janvier 1892. Il continue de travailler à l’opéra jusqu’en 1893, puis le laisse de côté après avoir assisté à la représentation de la pièce de Maurice Maeterlinck Pelléas et Mélisande. En acceptant le livret de Catulle Mendès, il s’inscrivait en effet dans la tradition du grand opéra français si éloigné de sa sensibilité, avec des scènes d’action fondées sur des chœurs et des ensembles. Bien que certaines couleurs harmoniques laissent entrevoir le langage de sa maturité (par exemple dans le prélude de l’acte I), Debussy s’abandonne encore à un lyrisme hérité de Massenet (duo d’amour à l’acte I). De son vivant, il a peu parlé de Rodrigue et Chimène, qu’il a écarté du catalogue de ses œuvres. Ses esquisses et son manuscrit (dédié à sa compagne d’alors Gabrielle Dupont), de nos jours conservés à la Pierpont Morgan Library de New York, ont été complétés par Richard Langham-Smith et Edison Denisov (lequel a aussi réalisé l’orchestration). Cette version en trois actes (Debussy n’a rien laissé pour l’acte IV) a fait l’objet d’une création scénique à l’Opéra de Lyon en 1993, avant d’être retouchée pour l’édition critique parue en 2003.
Colloques et études
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date de publication : 06/09/23
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