Le Roi l’a dit

Le Roi l’a dit, premier ouvrage de Léo Delibes donné à l’Opéra-Comique, ouvre une nouvelle phase dans la carrière du compositeur. Le marquis de Moncontour, très ému d’être présenté à Louis XIV, répond affirmativement au Roi qui lui demande s’il a un fils, alors qu’il n’est père que de quatre filles. Contraint de s’inventer un fils, le marquis confie à son maître à danser l’éducation d’un jeune paysan qui prend son rôle bien trop à cœur, semant le trouble dans la maison. Celui-ci finit par faire le mort lors d’un duel, suscitant des condoléances royales qui permettent enfin au marquis de se débarrasser de sa créature : « Vous êtes mort, Le Roi l’a dit ». Delibes, qui a conscience d’être à l’Opéra-Comique et non aux Bouffes-Parisiens, ne souligne pas le côté subversif du livret. Sa musique, jamais vulgaire, se fait sentimentale et poétique dès que l’occasion s’en présente, et le contexte historique lui permet de renouer avec le pastiche de musique ancienne qu’il affectionne particulièrement. L’œuvre est bien reçue par la critique. En ce lendemain de guerre franco-allemande, Delibes est salué comme le champion de l’opéra-comique français, par opposition aux musiciens attachés à suivre les préceptes wagnériens. Le Roi l’a dit ne dépasse cependant pas les 40 représentations au cours de cette première saison. Deux reprises à l’Opéra-Comique, en 1885 et 1898, avec des livrets remaniés, n’obtiennent pas plus de succès. Un assez bon accueil à l’étranger, notamment en Allemagne et en Autriche, et quelques reprises au XX^e siècle, n’ont pas réussi à lui donner son public, malgré une réception critique toujours flatteuse.