Roma

Écrite entre 1859 et 1869, la symphonie en ut majeur Roma. Troisième Suite de concert fut publiée à titre posthume chez l’éditeur Choudens en 1880 et jouée pour la première fois dans sa version définitive sous la direction de Jules Pasdeloup en 1869, sous le titre plus évocateur mais apocryphe de Souvenirs de Rome, fantaisie symphonique. À l’occasion de cette exécution, un contenu programmatique avait aussi été assigné au premier et au troisième mouvements, respectivement intitulés « Une chasse dans la forêt d’Ostie » et « Procession ». Durant les dix années qui séparèrent le début de la composition de l’ouvrage de sa création, Roma fit l’objet de nombreux remaniements. Bizet avait tout d’abord envisagé sa symphonie comme troisième envoi lors de son séjour comme lauréat du grand prix de Rome à la Villa Médicis. Ainsi que l’atteste sa correspondance, le compositeur imaginait alors une œuvre en quatre parties, dédiées à autant de villes italiennes : Rome, Venise, Florence et Naples. Il ne soumit finalement à l’Institut qu’un mouvement lent intitulé « Marche funèbre » suivi d’un Scherzo et précédé d’une ouverture intitulée « La Chasse d’Ossian » qui correspondait sans doute à une première version de l’Andante tranquillo. La « Marche » servit finalement de base à une scène de l’acte III des Pêcheurs de perle et fut supprimée par Bizet qui la remplaça par l’Andante molto, placé désormais en troisième position, après le Scherzo. Victime du succès de la première symphonie du compositeur, elle aussi en un ut majeur, l’œuvre est demeurée dans l’ombre, alors que Bizet la considérait comme sa « seule » ou sa « première » symphonie. En dépit de son titre, l’œuvre ne fait explicitement référence à l’Italie que dans le dernier mouvement qui forme une vaste tarentelle, danse endiablée de la région de Naples imitant les mouvements d’un malade souffrant d’une morsure de tarentule.