Sonate pour flûte, alto et harpe
1. Pastorale : Lento, dolce rubato – 2. Interlude : Tempo di Minuetto – 3. Final : Allegro moderato ma risoluto
Le 6 octobre 1915, Debussy apprend à son éditeur Jacques Durand l’achèvement de la Sonate pour flûte, alto et harpe, « dans la forme ancienne, si souple (sans la grandiloquence des Sonates modernes) ». Dédiée à son épouse Emma, l’œuvre est dévoilée dans un concert privé à Boston, puis au domicile de Durand (avec Darius Milhaud à l’alto), avant de connaître sa création publique à l’Aeolian Hall de Londres le 2 février 1917, par Albert Fransella (flûte), H. Waldo Warner (alto) et Miriam Timothy (harpe). D’emblée, cette partition que son auteur voulait si « française » franchit mers et océans. En se référant à la tradition nationale et à un passé lointain, Debussy cherche probablement à tempérer l’anxiété provoquée par son cancer et par la guerre. Une lettre à son ami Robert Godet révèle sa nostalgie d’un temps disparu : « [La Sonate pour flûte, alto et harpe] appartient à cette époque où je savais encore la musique. Elle se souvient même d’un très ancien Claude Debussy – celui des Nocturnes, il me semble ? » Une semaine plus tard, il ajoute : « Elle est d’un Debussy que je ne connais plus… ! c’est affreusement mélancolique. » Sans doute son état d’âme influence-t-il son jugement, car une oreille extérieure ne percevra pas tant de noirceur. Cette musique voilée de nostalgie est à d’autres moments enjouée et capricieuse, passant d’un climat à un autre avec une fluidité souveraine. La flûte et la harpe, si souvent associées dans ses partitions d’orchestre, se combinent à l’alto pour créer des couleurs inédites. Un regard en arrière ? Le « Tempo di Minuetto » de l’Interlude voit sa métrique sans cesse floutée, tandis que les couleurs modales creusent le sillon d’une fascinante modernité.
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La harpe romantique
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date de publication : 21/11/23
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