La Sorcière

Créée en décembre 1903, La Sorcière connaît un vif succès dans l’interprétation de sa mythique créatrice, Sarah Bernhardt. Afin que l’ouvrage soit mis en musique, André Sardou adapte le texte en respectant scrupuleusement le drame original écrit par son père. L’action se passe à Tolède au temps où l’Inquisition condamne toute relation entre Espagnols et Maures. S’avouant un amour réciproque, mais interdit, Don Enrique et la jeune guérisseuse Zoraya prennent la fuite en faisant une victime parmi les hommes de l’Inquisition. Pour sauver Enrique, Zoraya prend la responsabilité du crime et avoue, devant le tribunal du Cardinal Ximenes, avoir célébré le sabbat. Elle est condamnée au bûcher pour sorcellerie, mais aura la vie sauve si elle accepte de guérir la fille du gouverneur. Bien que Zoraya tienne parole et délivre Dona Joana de son enchantement, les deux amants sont condamnés et préfèrent s’empoisonner pour mourir ensemble. La clarté du livret et la vivacité d’action offrent un solide matériau à Erlanger, qui parvient à dépasser les formules exotiques consacrées pour brosser un véritable décorum poétique. L’écriture orchestrale, souple et brillante, souligne toute la singularité des personnages, quand l’écriture vocale offre aux chanteurs une large palette expressive. La partition culmine dans la scène des aveux de Zoraya et le récit d’Afrida des orgies du sabbat. La Sorcière est créée le 18 décembre 1912 à l’Opéra-Comique par une distribution remarquable qui réunit Marthe Chenal (Zoraya), Léon Beyle (Don Enrique), Jean Périer (le Cardinal) et Ninon Vallin (Manuella) qui vient tout juste d’intégrer la troupe de la salle Favart.