Symphonie n^o 1 en ut majeur

En 1812, à l’issue de ses études au Conservatoire de Paris, Louis-Ferdinand Hérold remporte le premier grand prix de Rome. L’année suivante, c’est en Italie, à la Villa Médicis, qu’il entreprend la composition de sa première symphonie en ut majeur, conçue comme « envoi » – le terme désigne les compositions exigées des jeunes lauréats français par l’Institut tout au long de leur séjour dans la Ville Éternelle. Empreint d’une certaine pompe, l’Allegro maestoso s’ouvre par deux arpèges qui installent fermement la tonalité de l’œuvre et forment un portique solennel. Après un second thème d’une grande tendresse, énoncé d’abord par les bois, le développement s’anime d’une tension dramatique. Hérold y démontre ses qualités contrapuntiques de jeune lauréat du prix de Rome, parfois au travers d’une écriture imitative quelque peu systématique, au risque d’interrompre l’élan au discours. Dans l’Andante, Hérold se conforme aux canons du temps sans toutefois montrer d’inclination particulière pour l’effusion lyrique à laquelle on peut assister dans ce type de mouvement. Le Minuetto n’est pas sans évoquer certaines pages de Haydn, réservant des surprises harmoniques (comme la majorisation in extremis de la première section) et rythmiques bienvenues, qui donnent de la vivacité à l’écriture. D’esprit populaire, avec ses innombrables notes pédales, le Trio, en mi bémol, ajoute de douces couleurs pastorales qui tranchent avec le climat austère jusque-là dominant. Si les trois premières parties de la symphonie peuvent sembler par endroit convenues, le finale offre en revanche un aperçu des qualités dramatiques que Hérold révélera dans ses futures œuvres scéniques. D’une facture beaucoup plus ciselée que le reste de l’œuvre, il ménage une agitation et un suspens qui annoncent les ouvertures de Zampa et du Pré aux clercs. L’œuvre achevée, on a d’ailleurs l’étrange impression qu’un opéra va commencer.