Symphonie n^o 3 en ut mineur op. 78

« J’ai donné là, aimait-il à répéter, tout ce que je pouvais donner… ce que j’ai fait alors, je ne le referai pas. » Par ces mots prêtés à Saint-Saëns, Jean Bonnerot (1882-1964), son secrétaire particulier, traduisait le sentiment du compositeur d’avoir atteint, avec sa troisième symphonie, le « sommet de son œuvre ». Composée au début de l’année 1886 en même temps qu’un autre de ses chefs-d’œuvre, Le Carnaval des animaux, la Symphonie n^o 3 est créée au St .James Hall de Londres le 19 mai 1886 à l’occasion du 5^e concert de la saison de la Philharmonic Society. En revenant au genre de la symphonie après vingt-six années, Saint-Saëns répond alors à une commande de Francesco Berger (1834-1933), le secrétaire honoraire de cette société londonienne, de « composer quelque œuvre symphonique spécialement pour la prochaine saison ». Le concert du 19 mai 1886 est placé sous la direction du chef Sir Arthur Sullivan, mais c’est Saint-Saëns lui-même qui dirige sa Symphonie après s’être produit au piano dans le Concerto n^o 4 en sol majeur op. 58 de Beethoven. Dédié à un effectif instrumental qui se distingue par l’introduction d’un piano à quatre mains et surtout de l’orgue, la Symphonie n^o 3 se caractérise également par ses mouvements appariés : l’Adagio s’enchaîne à l’Allegro et le Finale, au Scherzo. L’œuvre est parcourue par un thème principal que des commentateurs disaient inspiré de la mélodie grégorienne du Dies Irae, et que Saint-Saëns qualifiait lui-même « d’un sentiment sombre et agité ». La partition est publiée chez Durand en novembre 1886, accompagnée de la dédicace posthume à Franz Liszt décédé fin juillet.  La Symphonie n^o 3 a fait l’objet d’une récente édition critique dans la collection des « Œuvres instrumentales complètes » de Saint-Saëns chez Bärenreiter ; cette notice s’inspire de la préface à l’édition, de Michaël Stegemann.