Le Temple universel op. 28
Sollicité par Jean-François Vaudin, Berlioz accepta de mettre en musique un texte de ce journaliste, rédacteur à L’Orphéon, très actif dans le domaine des sociétés chorales et instrumentales. Il s’agissait de célébrer l’Entente cordiale entre la France et l’Angleterre. Un texte bilingue alternant la langue française et anglaise fut d’ailleurs projeté, mais il n’en reste rien. En février 1861, Berlioz acheva une première version du Temple universel, pour double chœur masculin a cappella, publiée par L’Orphéon. En 1867, il arrangea sa partition pour chœur d’hommes à quatre parties et accompagnement d’orgue (le plus souvent, l’instrument double les voix). Pour cette seconde mouture, éditée en 1868, il délesta le texte de ses passages les plus patriotiques. Puis il ébaucha une version symphonique, qui a malheureusement disparu (mais, en 2018, le compositeur Yves Chauris orchestra Le Temple universel, parachevant ainsi le projet). La création prévue au Crystal Palace de Londres ayant été annulée en raison de conflits entre les organisateurs, Berlioz n’entendit jamais sa cantate. Si le poème de Vaudin laisse attendre des accents solennels et martiaux, la musique évite toutefois l’uniformité de ton. Une écriture verticale, aux rythmes énergiques, alterne avec le cantabile plus souple de certains épisodes (« Sur les débris des vieilles tyrannies le droit remporte un triomphe immortel », par exemple). Berlioz sait aussi ménager des progressions et mettre en valeur leur point d’aboutissement. On remarquera notamment l’arrivée sur « l’Europe un jour n’aura qu’un étendard, la liberté se lève sur le monde », appel progressiste qui fait écho aux idéaux saint-simoniens.
Permalien
date de publication : 25/09/23
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