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Thème varié

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Le Thème varié de Charlotte Sohy compte parmi les plus belles pages de son catalogue. Composée au lendemain de la Première Guerre mondiale, alors que la compositrice est installée dans une vie nouvelle, loin des tracas matériels, l’œuvre semble se faire la synthèse de son art consommé d’harmoniste, mais aussi d’orchestratrice. En effet, le Thème varié connaît deux versions : une pour violon et piano et l’autre avec accompagnement d’orchestre où se révèle une maîtrise de l’orchestration absolument remarquable. La première version de l’œuvre est dédiée à son amie d’enfance Nadia Boulanger, personnalité musicale incontournable de ce début de siècle. Si l’on remarque alors cette pièce comme une « page fort séduisante », l’intensité dramatique qu’elle développe ne saurait la réduire à cet état. La diversité de couleurs employées dans la morphologie même du thème, usant avec profit de la palette de timbres du violon, offre un puissant recours expressif. Loin des académismes ternes, la technique de variation assure un renouvellement constant de tous les paramètres avant qu’ils ne s’épuisent. Familière de la musique de Franck depuis son plus jeune âge, formée par Mel Bonis et Vincent d’Indy, Sohy sait ici puissamment marier une structure du discours implacable avec des contours d’une grande plasticité. À la toute fin de l’œuvre, le thème revient clairement, mais disloqué, métamorphosé par la puissance de son développement. L’engagement total de Sohy pour l’art pourrait bien être là : dans l’absence des usages faciles et éprouvés, totalement versé dans une matérialité organique, sereine et puissante.