Caroline BRANCHU

Caroline-Alexandrine Chevalier dite Mme Branchu.

Considérée par ses contemporains comme le « modèle de la tragédienne française » et comme la « première cantatrice dramatique de la France », Caroline-Alexandrine Chevalier a marqué l’art lyrique des deux premières décennies du XIX^e siècle. Elle était la nièce du gouverneur de la colonie du Cap français. Suite aux troubles révolutionnaires, sa famille quitta Saint-Domingue pour s’installer en France, où elle fit ses études avec le célèbre Garat au Conservatoire de Paris et remporta les premiers prix de chant en 1798 et de déclamation lyrique en 1799. L’année suivante elle épousa Branchu, l’un des danseurs de l’Opéra. Initialement engagée au théâtre Feydeau, sa voix de soprano dramatique et la nature de son talent musical l’orientèrent très vite vers la tragédie lyrique. En 1801, elle fit ses débuts à l’Opéra dans Didon de Piccinni et, pendant vingt-cinq ans, elle y interpréta les grands rôles du répertoire gluckiste, d’Armide à Alceste en passant par Iphigénie, ainsi que des ouvrages nouveaux se situant dans la tradition de la tragédie lyrique (dont Astianax de Kreutzer, La Vestale et Fernand Cortez de Spontini, Les Amazones de Méhul, Les Abencérages de Cherubini). Elle fit sa dernière apparition devant le public parisien le 27 février 1826 avec le rôle de Statira d’Olimpie, dans lequel, selon Berlioz, « elle a été, si on peut le dire, plus sublime que de coutume » (lettre à E. Rocher, 15 juillet 1826). Si l’on en croit une autre lettre de Berlioz (26 juin 1824), la montée du diapason pourrait être à l’origine de la retraite prématurée de Mme Branchu. Quoi qu’il en soit, la renommée de la cantatrice résista à l’épreuve du temps et, pendant de nombreuses années, les amateurs en parlèrent avec enthousiasme.