Hedwige CHRÉTIEN

Petite-fille d’un violoniste de Compiègne, Hedwige Chrétien entre au Conservatoire de Paris en novembre 1872. Elle y reste quinze ans et fréquente les classes de solfège (Lebel), clavier puis piano (Massart), harmonie puis contrepoint et fugue (Guiraud). Elle fait également un court passage dans la classe d’orgue de César Franck, qui la juge, en 1887 : « Élève remarquable. Grande travailleuse ». Afin de se faire un nom à Paris, elle multiplie les concours de composition et se voit notamment couronnée par la Société des compositeurs de musique en 1886 (avec le poème lyrique L’Année). Composant inlassablement pendant le demi-siècle suivant, elle lègue un catalogue impressionnant de 250 titres, s’aventurant dans tous les genres : musique de chambre (pour cordes comme pour cuivres), symphonique, ballets, méthodes et pièces pédagogiques, œuvres pour piano ou pour orgue et musique légère. Auteure d’une opérette en 1904 (Le Petit Lunch, 1904), elle compose encore la musique de Bécassine aux bains de mer trente ans plus tard. Bien que ses rares biographes se soient jusqu’à présent montrés très discrets sur sa vie personnelle, il faut pourtant signaler que celle-ci a été déballée dans les journaux parisiens au cours de l’été 1901, au chapitre des chroniques judiciaires. Ayant grandi elle-même auprès de parents séparés, la musicienne a connu un mariage tumultueux (1887-1897) avec le flûtiste Paolo Gennaro. La garde de leurs deux enfants étant refusée à celui-ci après le divorce, il cache leur fils dans une pension et attente à la vie du beau-père d’Hedwige Chrétien, soupçonné de l’empêcher de voir sa fille.