Yvette GUILBERT

Emma Guilbert, dite Yvette (d’après un personnage de Maupassant), marque de son empreinte le Paris de la Belle Époque. Croquée par les peintres (notamment Toulouse-Lautrec), admirée des musiciens (Gounod et Verdi) et des romanciers (Proust et Zola), elle se distingue par ses talents de diseuse et ses choix de répertoire. D’abord modiste et mannequin, l’artiste emprunte à 20 ans le sentier de la gloire. Elle débute aux Bouffes du Nord avant de devenir, dans les années 1890, une vedette incontournable du caf’ conc’, acclamée à l’Eldorado, au Moulin rouge ou encore au Divan japonais dans un registre plutôt grivois. Sa curieuse silhouette élancée, livide et gracieuse, est déjà iconique. Une maladie l’écarte de la scène vers 1900, mais elle la retrouve dès 1906 à New York, Bruxelles puis Nice. Elle défend alors un tout autre répertoire, issu de plusieurs années de recherches : chansons et poèmes puisés dans l’histoire artistique française, depuis la période médiévale jusqu’à son temps. Son talent d’interprétation tient à un usage très subtil de la voix en termes de couleurs et de diction. De nombreux enregistrements – dont Les chansons d’hier et d’aujourd’hui (1933) – en témoignent. Pourtant, plus qu’une simple icône, Yvette Guilbert s’affirme comme une créatrice. Elle écrit – notamment Les Chansons de ma vie (1927), ses mémoires, et L’Art de chanter une chanson (1928) –, met en scène et compose à l’occasion. Elle transmet également son savoir, dans des concerts-conférences ou par le biais d’écoles de musique qu’elle fonde à Bruxelles (1911) ou à New York (1920).