François-Antoine HABENECK

Mieux que quiconque en France, et peut-être en Europe, Habeneck incarne le premier chef d’orchestre au sens moderne. Violoniste, il obtient son prix au Conservatoire dans la classe de Baillot en 1804, et dirige les exercices d’élèves (1803-1815). Premier violon et second chef à l’Académie de musique (1816-1818), il devient directeur administratif de l’institution (1821-1824). Il dirige aussi l’orchestre du Concert spirituel (1818-1828), où il fait déjà jouer certaines symphonies de Beethoven. Devenu premier chef de l’Académie de musique entre 1825 et 1847, il est un acteur majeur du grand opéra (il crée ainsi Robert le Diable et Les Huguenots de Meyerbeer, La Juive d’Halévy, ou Benvenuto Cellini de Berlioz). En 1828, il fonde l’orchestre de la Société des concerts du Conservatoire, qu’il dirigera jusqu’en 1848. Son objectif : faire connaître les symphonies de Beethoven. La formation acquiert rapidement une renommée européenne. De nombreux témoignages évoquent l’action et les pratiques d’exécution d’Habeneck, insistant sur son opiniâtreté et son talent de fédérateur : les critiques parisiens de l’époque, ses élèves qui parfois lui consacrent des écrits (Elwart, Deldevez), mais également Wagner ou Mendelssohn, qui séjournent à Paris. Berlioz aussi, bien sûr, pour qui Habeneck est le principal modèle de chef (il dirige les premières de la Symphonie fantastique et du Requiem), avant que lui-même n’en devienne un, et que des malentendus n’enveniment leurs relations. Sur le plan technique, Habeneck passe de la pratique du « violon conducteur » à la direction au bâton. Il laisse deux concertos et quelques pièces pour violon, ainsi qu’une méthode pour son instrument, fruit de ses années de professorat au Conservatoire.