Séance annuelle de l'Académie des Beaux-Arts
INSTITUT ROYAL DE FRANCE. Séance annuelle de l'Académie des Beaux-Arts. À l'empressement qu'on a pu remarquer dans notre article d'hier sur la distribution des prix à l'Institut, on a pu reconnaître la distraction qui nous a fait déplacer le nom de M. Alexis, chargé, par complaisance, d'exécuter la cantate de M. Boilly, attendu que Mlle Cinti, devant jouer le soir, n'a pu chanter que celle de M. Hermel. L'essentiel est de savoir que ce jeune acteur de Feydeau s'en est fort bien acquitté, et que si quelque chose eût pu ajouter à l'effet qu'a produit l'ouvrage de M. Boilly, c'eût été la manière dont Alexis l'a rendu. Voici maintenant les détails que nous avons promis hier : M. Boilly, fils du peintre qui s’est fait un nom qu’il soutient encore par de nombreux travaux, ne se destinait point à la musique. Depuis quatre ans, il exerçait la profession de graveur, lorsqu’un soir, à la sortie de l’Opéra-Comique, où il venait d’entendre les Deux Journées, il rentre chez lui, l’imagination frappée des beautés qui respirent dans la musique de cet ouvrage, renonce à son premier état, se met au piano, et apprend la gamme dont il ne se doutait pas. Les exemples d’une pareille vocation ont presque tous été suivis des plus brillans succès ; le jeune Boilly le prouve de nouveau en commençant par remporter le grand prix de composition. D’après cela, il est impossible de calculer où s’arrêtera un talent de cette nature : on lui reconnaît déjà de la correction, de la sagesse, peut-être trop ; il n’est pas assez entreprenant, mais il a de bonnes formes, du naturel, peu de recherche, nous oserions presque dire pas assez, car il en faut, mais le difficile est d’en faire un emploi raisonnable et modeste. Avec de semblables qualités et l’instinct de l’art qu’il embrasse, M. Boilly doit marcher à grands pas sur les traces de son illustre maître, de notre Boieldieu, dont nous avons tant de raisons de nous enorgueillir.
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data di pubblicazione : 16/10/23