Vers le soleil [entretien avec Massenet]
Vers le soleil.
M. Massenet a quitté Paris hier, se rendant à Monte-Carlo où il va suivre les dernières répétitions générales de sa Roma. Nous avons eu plaisir à causer avec le grand musicien, avant son départ, et jamais sa bonne figure ouverte, intelligente et fine, ne nous paru plus jeune et plus souriante.
Il nous dit :
— Je suis tranquille. Mon cher Henri Cain est là-bas depuis quelques jours avec sa charmante femme qui créera, avec son art exquis, l’un des principaux personnages de notre œuvre, et je suis tranquille : il a un don exceptionnel du théâtre et, avec lui, tout ira bien ! Il y a, aussi, l’étonnant Gunsbourg, qui voit tout, fait tout, sait tout ; je n’ai qu’à arriver : tout est en ordre ! Vous savez que j’ai pris pour sujet la Rome vaincue, de Parodi, qui fut mon ami, mais dont j’ignorais le drame joué à la Comédie-Française, lorsqu’un jour de pluie, à Egreville, je tombai sur sa brochure, et cette lecture m’enthousiasma. Parodi était mort depuis un an. Henri Cain arrangea le livret, et voila l’histoire…
— C’est un bel opéra ?
— Ce n’est pas un opéra ! N’appelez donc pas opéra, au hasard de la parole, tout ce qui est œuvre de grande musique. Opéra, cela ne veut rien dire ! J’appelle Roma « opéra tragique », et Panurge, que j’achève pour nos charmants et chers directeurs les frères Isola, aura aussi son appellation spéciale : « bouffonnerie lyrique », je pense…
M. Massenet ajouta qu’il y aurait, à Monte-Carlo, une innovation qui lui paraît séduisante : l’œuvre sera jouée – et à l’Opéra au mois de mai pareillement – dans un cadre extérieur qui restera le même pour les cinq actes. Mais, cela, est-ce bien de l’innovation ? Il y a longtemps qu’à l’Opéra-Comique, M. Albert Carré… […]
Le diable boiteux.
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Jules MASSENET
/Henri CAIN
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data di pubblicazione : 31/10/23