Séance publique de l'Institut

Après avoir entendu le rapport de M. Lebreton sur les travaux de la classe pendant l’année, on a distribué hier à la quatrième classe de l’Institut les grands prix de sculpture, de peinture, d’architecture et de composition musicale. Ce dernier prix a été remporté par M. François Benoist, élève de M. Catel. La cantate de ce jeune homme, que l’on a exécuté à la fin de la séance, prouve que l’on apprend au Conservatoire de musique tout ce qui constitue un auteur savant. En effet, la musique de M. Benoist ne laisse point douter qu’il ne sache parfaitement ce que doit savoir un compositeur. Sa partition est bien écrite ; il a tiré parti de tous les instruments avec cette intelligence que donne l’habitude ; mais la mélodie, ce qu’on aime le plus à remarquer dans les ouvrages de celui qui commence, la mélodie ne s’y trouve pas. Cette cantate nous a rappelé malgré nous le mot de Grétry, qui, après en avoir entendu une dans le même genre, exécutée dans le même lieu il y a quelques années, se leva en soupirant, et dit à son voisin : Il n’y a pas dans tout cela de quoi faire une contredanse. Ne nous viendra-t-il donc pas un jeune homme qui chante ? Le voyage de Rome est devenu une simple formalité pour les jeunes gens qui obtiennent le droit d’y être envoyés par le gouvernement. Ceux qui jusqu’ici sont sortis du Conservatoire savoient tout ce qui s’apprend, et le reste, ils ne l’apprendront pas plus à Rome qu’à Paris.