Opéra. Roma

Opéra. – Roma, opéra tragique en cinq actes, de M. Massenet ; poème de M. Henri Cain.

Pour se conformer à l’usage qui oblige, paraît-il, certains ouvrages musicaux à « revenir de l’étranger » lorsqu’ils sont montés à Paris, la nouvelle pièce de M. Massenet a vu le jour l’an dernier dans la capitale monégasque. Cette formalité une fois accomplie, rien ne s’opposait plus à ce que notre Académie nationale nous la fît connaître : Paris après Monte-Carlo, Broussan après Gunzbourg, c’est dans l’ordre actuel des choses.

Roma a été mise en scène avec un soin tout particulier par la direction de l’Opéra : les décors étaient un luxe dont plusieurs autres auteurs auraient le droit de se montrer un peu surpris. Mais nous vivons sous un régime d’égalité. Quant à l’interprétation, elle s’est élevée à la hauteur des circonstances. M. Delmas est un Fabius superbe, un peu cunctator sur les points d’orgue, mais pas trop, et toujours intelligible. Mlle Kousnezoff est une délicieuse Fausta, touchante et émue jusqu’à l’agitation peut-être exagérée. Mlle Lucy Arbell, saisissante de vérité dans les attitudes de douleur et d’effroi de la malheureuse Posthumia, mimerait admirablement un rôle où il ne s’agirait que de cela. M. Muratore, Lentutus passionné et vibrant, dépense généreusement sa magnifique voix encore très résistante mais peut-être moins qu’il ne le croit. M. Noté, bon gaulois râblé, complète bien cette équipe de premier ordre, que mène M. Vidal avec toute la souplesse, l’adresse, et l’expérience dont il nous a donné mille preuves.

Il faut même-rendre justice aux chœurs, qui ont tenu à prouver, en chantant juste, combien on a raison de leur reprocher vertement leurs trop fréquents écarts dans divers ouvrages récents.

Nous reparlerons de l’œuvre elle-même dans l’une de nos chroniques.

Auguste SERIEYX