Prix de Rome

INSTITUT ET CONSERVATOIRE.

Samedi, les candidats au prix de Rome ont fait entendre leurs cantates devant les cinq sections des Beaux-Arts, réunies. Le huis clos avait été prononcé, malgré les énergiques protestations de M. Ernest Reyer, qui réclamait pour la presse le droit d’entrée dont elle bénéficiait depuis si longtemps. Les cantates des quatre concurrents ont été entendues dans l’ordre suivant avec les interprètes ci-dessous désignés : N° 1. M. Kaiser, élève de M. Massenet. Interprètes : M^me Masson, MM. Vergnet et Manoury. N° 2. M. Bachelet, élève de M. E. Guiraud. Interprètes : M^lle Leclercq, MM. Cazeneuve et Soum, tous trois élèves du Conservatoire. N° 3. M. Gedalge, mention honorable de 1885, élève de M. Guiraud. Interprètes : M^me Yveling Ram-Baud, MM. Seran et Giraudet. N° 4. M. Savard, second grand prix en 1885, élève de M. Massenet. Interprètes : M^lle Hamann, MM. Cossira et Auguez. À la suite de la première audition, la veille, au Conservatoire, la section de Musique semblait décidée à ne pas décerner de premier prix. L’exécution meilleure du lendemain et l’influence des quatre autres sections ont modifié cette impression. Trois récompenses ont été finalement accordées aux concurrents : Premier prix : M. Savard, majorité molle. Premier (second prix), M. Kaiser. Deuxième (second prix), M. Gedalge. Rien de très saillant, de sincèrement jeune dans les partitions couronnées. Celle de M. Savard semble être venue péniblement. L’inspiration trahit l’effort. Pas même cet aimable défaut d’inexpérience plus rare aujourd’hui qu’une qualité ! M. Kaiser ne court pas après l’originalité. Il l’attend. Peut-être viendra-t-elle ? La veine chez lui est mélodique. Dans la sobriété de ses moyens apparaît un certain flair du théâtre. Ce jeune élève qui procède de Meyerbeer et nullement de Wagner ou de ses imitateurs, semble avoir la patte dramatique. Nous le suivrons. Rien de particulier à dire de M. Gedalge, récompensé du reste au second tour seulement.

A.L.