Fausto de Louise Bertin

Spectacles.

[…] Théâtre-Italien. Fausto, musique de Mlle ***.

Singulière idée pour une imagination féminine d’avoir été s’attaquer à Faust, d’avoir osé aborder les évocations infernales, les chants cabalistiques, les sombres mystères des sabbats et autres gentillesses ! Si le sujet est bizarre, nous devons convenir qu’il a été traité avec toute la conscience possible par Mlle *** ; et pourtant, à travers cette recherche continuelle d’effets étranges et heurtés, on rencontre des beautés fort remarquables ; souvent des pensées hardies, des phrases de chant pleines d’expression surgissent de cette masse de musique monotone en dépit de son étrangeté : le chœur religieux du premier acte est d’une facture large et noble ; au deuxième acte, un air et un duo, et plusieurs morceaux dans le troisième acte, ont mérité de vifs applaudissements, et tout porte à croire que, dans quelques années, lorsqu’une longue expérience présidera au développement de ses idées, Mlle *** enrichira la scène d’ouvrages distingués. 

La difficulté extraordinaire de cette musique a souvent donné lieu à de l’hésitation de la part des acteurs et de l’orchestre ; à la seconde représentation tout est rentré dans l’ordre et a marché le mieux du monde. Mme Lalande a surtout chanté de la manière la plus remarquable. […].