Spectacles & Concerts. Le Roi d'Ys

SPECTACLES & CONCERTS

Enfin, voilà de la musique ! Tel était le fond de toutes les conversations hier à l’Opéra-Comique, dans les entr’actes de la première représentation du Roi d’Ys.

M. Paravey, pour la première œuvre qu’il a montée, a eu la main heureuse. La partition de M. Lalo est une des plus intéressantes qu’il nous ait été donné d’entendre en ces dernières années.

En attendant la Revue musicale de dimanche prochain, je puis constater aujourd’hui que cette belle œuvre a été accueillie avec l’enthousiasme qu’elle méritait.

Une salle composée de toutes les notabilités du journalisme, des arts, du monde et de la finance, a réuni dans ses applaudissements l’auteur et ses interprètes, parmi lesquels il faut citer MM. Bouvet, Talazac, Cobalet et Fournets, Mmes Deschamps et Simonnet.

M. Danbé et son excellent orchestre ont eu leur part du succès, car l’instrumentation du Roi d’Ys est absolument remarquable.

Enfin les costumes, dessinés par M. Bianchini sur des documents authentiques, vitraux, tombeaux et mosaïques, forment une reconstitution fort intéressante et fort agréable à l’œil de l’époque mérovingienne.

Quelqu’un qui a dû bien être étonné, c’est le général Boulanger : il était dans la salle, escorté de deux de ses fidèles séides, l’œillet rouge à la boutonnière, et il a passé inaperçu. On n’a pas fait plus d’attention à lui qu’à M. Floquet, qui assistait également à la représentation.

S’il y avait eu des acclamations, on aurait crié : Vive le roi… d’Ys, mais on a préféré fêter le compositeur.

À la chute du rideau, tous les spectateurs criant : Lallo…, on entendait L’allo… l’allo… on se serait cru dans le bureau central d’un vaste téléphone.