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Semaine théâtrale. Namouna

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SEMAINE THÉÂTRALE

L’Opéra, ne sachant plus à quels chanteurs se vouer, tant la grippe a sévi cette dernière quinzaine dans le palais de M. Charles Garnier, s’est décidé à faire un suprême appel au corps de ballet. Sur ce cri d’alarme, toutes les difficultés ont été aplanies comme par enchantement, grâce au zèle, au bon vouloir de tous ; et enfin, vers les dix heures de relevée, nous verrons le rideau se lever, demain lundi, sur la première de

NAMOUNA L’ESCLAVE

qui n’a pu s’effectuer vendredi dernier, ainsi qu’on l’avait espéré un instant. On sait, du reste, les péripéties de tout genre qui ont entravé la venue au monde du ballet de MM. Lalo, Nuitter et Petipa. Nous n’avons plus à les raconter, mais ce qu’il nous faut dire à nos lecteurs, c’est le sujet sur lequel M. Lalo s’est inspiré au point de vue musical. Notre embarras serait assez grand, étant donnée la clarté relative d’un livret chorégraphique, si le Figaro n’était venu à notre secours dès le soir de la répétition générale de Namouna. Voici comment M. Jules Prével résume les hauts faits du nouveau ballet de l’Opéra, et ma foi, nous reproduisons exactement, sous bénéfice d’inventaire :

Acte Ier. — 1er Tableau.

Un casino à Corfou, le soir. Des cavaliers et des dames dansent. D’un autre côté, des joueurs. Deux seigneurs jouent grand jeu. L’un des deux (Adriani, représenté par M. Pluque) perd tout ce qu’il possède : or, bijoux, vaisseau et son équipage, et, en dernier lieu, une esclave, Namouna, représenté par Mlle Sangalli. Le gagnant est le seigneur Ottavio (Mérante). Il s’approche de l’esclave, qui lui appartient désormais. Au moment de lever son voile, il se ravise :

— Va ! dit-il à l’esclave. Tu es libre !... Pars et emporte avec toi cette cassette et tout ce que j’ai gagné à ton ancien maître. Tu dois être belle. Si je te voyais, je n’aurais peut-être pas le courage de te laisser partir !

La tartane s’éloigne et les danses reprennent. Adriani refuse toutes les consolations et jure de se venger.

2e Tableau.

Une place publique à Corfou. À gauche, une hôtellerie avec une terrasse. Au fond, la mer.

Le jour naît. Ottavio donne une sérénade à Hélèna (Mlle Invernizzi), quand Adriani paraît, disperse les musiciens et provoque Ottavio. Au moment où les fers se croisent, Namouna, qui a été prévenue, arrive en bouquetière et offre des fleurs aux deux combattants sur un rythme de danse. D’autres bouquetières arrivent et les deux hommes sont forcés de renoncer à leur duel. C’est jour de fête. La foule encombre la place. Parmi les curieux, Namouna, costumée en Roumaine, danse un pas de caractère. Elle est reconnue par Adriani, son ancien maître, qui se jette à ses pieds. Elle le repousse et cherche à se rapprocher d’Ottavio. Adriani, de plus en plus furieux, appelle des individus de mauvaise mine et leur désigne son rival. La nuit venue, Ottavio est attaqué par quatre spadassins, mais il est secouru par deux des gens de Namouna. Après avoir mis les spadassins en fuite, les sauveurs désarment Ottavio, et, le menaçant de leurs pistolets, le forcent à monter dans une barque où se trouve Namouna. Ottavio voyant qu’une femme, qui paraît jeune et jolie, est l’héroïne de l’aventure, se prête gaiement à l’enlèvement.

ACTE II. — 3e Tableau.

Vaste pavillon, appartenant à un riche marchand d’esclaves, sur le bord d’une île de l’Archipel. La tartane portant Namouna et Ottavio paraît sur le fond. Namouna vient racheter ses anciennes compagnes et leur offre la liberté. Joie bruyante des femmes. Tout à coup, on signale l’arrivée d’embarcations portant des soldats conduits par Adriani. Les femmes, en dansant, entourent et désarment les soldats, et Namouna croit triompher quand Adriani lui montre Ottavio prisonnier de ses gens. Terreur de Namouna. Adriani fait honte à ses hommes de leur faiblesse : ces femmes seront leurs esclaves, auxquelles ils n’auront qu’à commander : et il fait apporter des vins. Pendant qu’on se livre à l’orgie, Namouna entraîne Ottavio, monte avec lui dans une barque et ils s’enfuient.

Le pas de la Cigarette, qui avait causé un moment d’émotion et avait failli allumer la guerre dans les rangs du corps de ballet, a été rétabli après avoir été supprimé ; mais ce pas serait décidément dansé sans la moindre spirale de fumée. M. Vaucorbeil ayant très sagement fait observer qu’il n’y a pas de fumée sans feu et que le feu est le plus terrible ennemi des jupes de gaze et des robes bouffantes, les pompiers de service se sont écriés à l’unisson :

Brigadier, vous avez raison. […]

H. MORENO.

Persone correlate

Giornalista, Editore

Henri HEUGEL

(1844 - 1916)

Compositore

Édouard LALO

(1823 - 1892)

Opere correlate

Namouna

Édouard LALO

/

Charles NUITTER

Permalink

https://www.bruzanemediabase.com/it/node/63791

data di pubblicazione : 15/10/23