Lancelot de Joncières
Avec le Lancelot, de Victorin Joncières, nous rentrons dans la tradition lyrique du passé ; rien n’y heurtera nos habitudes : nous allons y retrouver le souci du « bel canto », et jusqu’au chant du rossignol flûté à la fin des duos d’amour. M. Victorin Joncières, ni ses poètes, Louis Gallet et Édouard Blau, ne sont, ne furent des révolutionnaires déterminés. La page la plus moderne de la partition lui sert de frontispice ; c’est une enluminure de Léonce de Joncières, dont le jeune talent a inventé très joliment le tableau final. Il est juste de l’associer au succès de l’œuvre qu’il a décorée.
L’Opéra, en montant Lancelot, acquittait, nous dit-on, une dette d’Eugène Bertrand : espérons qu’elle ne grèvera pas trop lourdement le budget de notre première scène lyrique et que le public et les abonnés aimeront cette œuvre simple, couronnement de la carrière musicale d’un compositeur fort estimé ; des décors superbes, une mise en scène opulente l’y aideront, sans doute.
Le poème est emprunté à l’un des sujets les plus délicieux de la légende.
[argument de la pièce]
La partition de Victorin Joncières ne conquiert, sans doute, que les auditeurs du répertoire consacré ; ceux que la polyphonie touffue captive par-dessus tout y déploreront les moyens sommaires dont s’est servi l’auteur. Meyerbeer, Donizetti et Rossini n’en arrivèrent pas moins à la gloire universelle avec les procédés employés P.632 : par l’auteur de Lancelot ; et ce vœu résumera tout le bien que je pense de son œuvre.
L’interprétation est digne de l’Opéra, avec Mlle Delna, MM. Renaud et Vaguet, secondés par Mme Bosman, Sandrine, Robin, etc. et par MM. Fournets, Bartet, Laffitte, Hansen. L’admirable voix de Mlle Delna y aura trouvé, sans doute, sa dernière création à l’Académie Nationale de musique ; la majesté des rôles et du cadre de l’Opéra la dépaysait trop, à son gré ; elle reviendra, à l’Opéra-Comique, où sa vraie place est désignée, occuper les emplois plus… humains de son talent et retrouver les succès de ses débuts, qui la désertèrent si totalement dans le palais Garnier.
Des décors prestigieux, des costumes splendides contribuent au succès de l’ouvrage : le lac des Fées, par Amable, est un chef-d’œuvre. Paul Vidal, remplaçant M. Taffanel, indisposé, a conduit son orchestre en vétéran du bâton et en virtuose de la musique.
Montaudran
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Lancelot
Victorin JONCIÈRES
/Édouard BLAU Louis GALLET
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data di pubblicazione : 18/09/23