La Belle au bois dormant de Silver
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Lyon. — Grand-Théâtre. — La Belle au Bois dormant, féerie lyrique en quatre actes, de Ch. Silver, représentée samedi 17 janvier, sur notre première scène, a obtenu un grand succès bien mérité.
Voici l’opinion, sur l’œuvre du jeune maître, d’un de nos principaux critiques de la presse quotidienne lyonnaise, notre confrère de l’Express :
« Le poème de cet ouvrage, dû à la collaboration de MM. Michel Carré et Collin, a été tracé d’une main assez droite. Il faut seulement reprocher aux librettistes d’avoir dilué et allongé à l’excès la donnée primitive de notre vieux Perrault et de lui avoir enlevé ainsi une bonne part de son charme et de son intérêt.
« Quant à la partition de M. Silver, c’est l’œuvre d’un musicien expert, doué d’une rare habileté d’écriture et possédant avec une technique parfaite toutes les ressources de l’instrumentation. Comme son maîtrî Massenet, dont l’influence est trop souvent manifeste, M. Silver affectionne les sonorités poétiques, parfois même un peu recherchées, des cors, des clarinettes basses et les timbres clairs des harpes, des trompettes en sourdine, et même du « célesta ». Ce qui ne l’empêche pas d’écrire avec soin pour le quatuor et de demander beaucoup aux altos, dont l’accent pénétrant est d’un caractère bien approprié au sujet.
« Il faut signaler dans la partition de M. Silver, bon nombre de pages qui ne sont pas sans mérite.
« Tel est le cas du prélude instrumental du Sommeil d’Aurore, auquel le quatuor des cors et des violons en sourdine prêtent du charme et de la poésie. Plus loin, c’est la scène d’amour avec la mélancolique rêverie d’Aurore et la mélodie passionnée du chevalier qui apparaît d’abord à l’orchestre avant d’être confiée au ténor.
« C’est aussi le ballet, auquel je reprocherai cependant de manquer de la qualité indispensable à ce genre de musique, c’est-à-dire de rythme. Je ne trouve à y signaler qu’un agréable solo de flûte et surtout un alerte scherzo à cinq temps, d’une coupe vraiment piquante et originale. »
Le Lyon républicain ajoute :
« L’interprétation est excellente. Vous me croirez sans peine quand je vous dirai que Mme Bréjean-Silver, chantant un ouvrage de son mari, s’est particulièrement distinguée. M. Galand vibre à souhait dans le Prince Charmant ; M. Vialas, dans le rôle de Barnabé, écrit pour une basse-bouffe et créé par le joyeux Chalmin, est d’un comique avisé, mais un peu pointu ; Mlle Dona Mativa fut une accorte Jacotte, et Mlle Daubray, un page bien en formes.
Enfin M. Dufour tient avec son autorité coutumière le personnage épisodique du roi. Disons, puisque nous y sommes, que cet excellent artiste est engagé pour la saison prochaine ; il chantera Don Juan et créera Schaunard dans la Bohême, de Léoncavallo, qui seront, avec la Salambô, de Reyer, les nouveautés de la direction Broussan.
La pièce est très bien montée : mise en scène, décors, costumes, lumière, tout est agréable aux yeux et artistique. À signaler le ballet des fleurs, d’une très jolie impression. Compliments à l’orchestre, dirigé par M. Eey ; nos savants professeurs ont trouvé leur maîtrise que nous avions applaudie dans Sapho. Ajoutons pour être complet, qu’à la chute du rideau, le nom de M. Ch. Silver a été salué avec sympathie. »
N.
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La Belle au bois dormant
Charles SILVER
/Michel CARRÉ Paul COLLIN
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data di pubblicazione : 18/09/23