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Psyché de Thomas

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THÉÂTRE DE L’OPÉRA-COMIQUE.

Psyché, opéra-comique en trois actes, paroles de MM. Jules Barbier et Michel Carré, musique de M. Ambroise Thomas.

Nous venons d’assister à la première représentation de Psyché, et c’est un succès des plus éclatans que nous avons à proclamer. Depuis le commencement jusqu’à la fin, c’est-à-dire pendant quatre heures, le public n’a cessé de témoigner son enthousiasme par des applaudissemens frénétiques.

C’est en effet une œuvre séduisante au dernier point, et tout a merveilleusement concouru à cette brillante victoire.

D’abord le poème est dû à deux écrivains à qui l’Opéra-Comique doit des pièces ravissantes et Psyché est digne de ses aînées.

On a souvent traité, surtout au théâtre, cette fable ingénieuse qui a si bien inspiré La Fontaine. Il n’est pas dans la mythologie de sujet plus gracieux, et nous comprenons facilement que MM. Michel Carré et Jules Barbier aient été tentés de le traiter pour l’Opéra-Comique.

Leur libretto est traité, non-seulement avec originalité, mais encore avec beaucoup de goût et de délicatesse. Ils ont trouvé des scènes inédites, et ils ont su joindre aux situations tendres des incidens pleins de gaîté.

M. Ambroise Thomas a écrit sur ce poème si heureusement varié une partition qui se distingue par un style soutenu et plein d’élégance. Il y a fait preuve de belles inspirations ; il a touché avec bonheur au ton de l’opéra dramatique, et il n’a pas moins réussi dans les morceaux qui sont dans le caractère de l’opéra-comique. Cette musique, habilement traitée, et dont les moindres détails accusent le soin minutieux, a été vivement goûtée par le public, et, ce qui vaut mieux, nous pouvons dire qu’elle a eu l’approbation des hommes compétens. Tous les confrères de M. Ambroise Thomas, même les plus difficiles, étaient enchantés de son œuvre.

L’interprétation a été admirable, et cet éloge n’est pas trop fort. Mme Ulgade, Mlle Lefebvre et M. Battaille ont merveilleusement joué et chanté leurs rôles. 

Mme Ugalde était chargée du rôle d’Éros qu’elle a interprété de façon la plus adorable. Éros est un mot grec qui signifie l’Amour. Elle y a mis la vivacité, le feu, la grâce, en un mot toutes les qualités requises ; elle a joué son rôle en piquante, spirituelle et très intelligente comédienne ; elle l’a chanté avec cette inspiration brûlante qui ne lui fait jamais défaut, avec sa voix si facile et qui semble se jouer des plus grandes difficultés. Mme Ugalde a été piquante, remplie de grâce, et très éloquente dans la situation si dramatique où l’Amour exhale avec tant d’expression sa douleur, à la vue de Psyché qui vient de mourir.

C’est Mlle Lefebvre qui a fait Psyché. Elle en a la naïveté, la grâce, le charme, le doux regard et le tendre sourire ; elle y a été ravissante comme physionomie ; mais surtout elle a chanté son rôle avec une méthode supérieure et un style délicieux. Elle a été fort applaudie. Le rôle de Psyché est pour Mlle Lefebvre une création excellente, et nous sommes certain que la presse toute entière lui décernera les éloges qu’elle mérite si bien.

Battaille, dans le rôle de Mercure, a montré toute la souplesse de son talent. Il a joué avec beaucoup d’esprit, ou, ce qui revient au même, avec beaucoup de naturel. Nous n’avons pas besoin de dire comment il a chanté ; il a été, comme toujours, applaudi avec frénésie.

Sainte-Foy et Prilleux ont des rôles accessoires, ainsi que Mlles Boulart et Révilly. Sainte-Foy et Prilleux paraissent a peine, mais ils chantent au troisième acte un duo bouffe qui est étourdissant de verve et de gaîté. Ils ont mis tout l’auditoire en belle humeur.

Mlles Houlart et Révilly font Daphné et Bérénice, les sœurs de Psyché. Elles ont fort bien chanté. Mlle Révilly a montré, dans plusieurs scènes, un talent net et mordant ; quant à Mlle Boulart, elle n’a qu’à paraître pour plaire, et certes l’on a regretté de n’avoir pu l’entendre d’avantage, précisément parce qu’elle a délicieusement chanté.

Nous n’essaierons pas d’analyser la partition nouvelle de M. Ambroise Thomas. L’espace et le temps nous manquent pour une aussi sérieuse appréciation, et d’ailleurs l’œuvre est si abondante, si riche, qu’une seconde audition nous paraît nécessaire. Nous signalerons seulement quelques morceaux qui ont été applaudis avec chaleur.

Nous citerons donc au premier acte un chœur qui a produit beaucoup d’effet, un duo charmant qui a été bissé, et des couplets d’un style simple et gracieux que Battaille a fort bien chantés et que le public a fait répéter.

Le deuxième acte renferme plusieurs morceaux fort goûtés, entre autres des couplets qui ont eu également les honneurs du bis.

Nous avons à signaler, au troisième acte, le duo entre Sainte-Foy et Prilleux, dont nous avons déjà parlé ; puis un air adorablement dit par Mlle Lefebvre, et enfin un air très dramatique chanté par Mme Ugalde avec autant d’énergie que d’inspiration.

Il était difficile, on en conviendra, de ne pas réussir avec tous les élémens de succès que nous venons de mentionner. Eh bien ! M. Perrin, en directeur artiste, c’est-à-dire en prodigue, a fait des dépenses extraordinaires de mise en scène. On n’a jamais vu rien de plus éblouissant.

Les décors, dus à MM. Cambon, Thierry et Rubé, sont magnifiques ; les costumes sont d’une richesse extraordinaire ; enfin tout ce qui peut plaire et séduire a été ingénieusement rassemblé dans cet ouvrage où il y a même un ballet avec de jeunes et jolies danseuses.

En fin de compte, Psyché a obtenu le succès le plus complet, succès pour le compositeur, pour les artistes, et par conséquent pour le théâtre ; la salle de l’Opéra-Comique va être assiégée.

A. LÉO. 

Persone correlate

Compositore

Ambroise THOMAS

(1811 - 1896)

Opere correlate

Psyché

Ambroise THOMAS

/

Jules BARBIER Michel CARRÉ

Permalink

https://www.bruzanemediabase.com/it/node/12562

data di pubblicazione : 15/09/23