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La Belle au bois dormant de Silver

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Editore / Giornale :
Data di pubblicazione :

À PROPOS DE LA « BELLE AU BOIS DORMANT »

LA FORÊT QUI MARCHE

À Propos de la « Belle au Bois Dormant. » — Chez le Peintre Michelon. — La « Tèse de Carry. » — Une Forêt au Grand Théâtre.

— Mais la crise, alors, ne vous empêche pas de travailler, mon cher Michelon ?

— Quelle crise ?

— Celle du Grand-Théâtre.

— Pour nous, il n’y a rien de décommandé et, vous le voyez, nos pinceaux, nos brosses plutôt vont toujours de l’avant.

— Quel est donc ce farouche et superbe palais ?

— Un des principaux décors du Crépuscule des Dieux. Le travail est en grande partie achevé, car depuis deux mois, on ne se croise guère les bras ici.

Mais si nous procédions par ordre, me dit le toujours affable M. Michelon : La Belle aux Bois dormant de M. Silver, doit passer au Grand-Théâtre, assez prochainement ; voudriez-vous jeter un coup d’œil sur un des décors de cet ouvrage qui me paraît assez typique. C’est, d’ailleurs, le décor le plus compliqué qui soit sorti do mes mains.

Et nous allons voir la Forêt qui marche. Michelon nous en explique le curieux et joli mécanisme, devant la maquette même. J’en suis tout ravi.

Le mancenillier de l’Africaine est certes splendide, les Gorges de la Walkyrie sont grandioses, étonnantes de structure ; le panorama de Paris dans Louise offre une merveille aux regards. Eh bien, la Forêt qui marche dépasse à notre avis en beauté, en nouveauté, en grâce et en hardiesse tous ces décors.

C’est au 3e acte de l’œuvre de M. Silver qu’on verra cette forêt, au premier plan à gauche se trouve une grotte, habitation des fées, à droite se dresse un arbre à trucs, dont les branches, semblables à des bras enlaceront le Prince Charmant et le retiendront prisonnier jusqu’au moment où la fée donnera le signal de sa délivrance. C’est alors que la forêt déploiera, morceau par morceau, sa végétation féerique. Devant le Prince Charmant, cinq plans successifs s’écarteront, pour

montrer chaque fois un horizon d’arbres et de fleurs plus attirant et plus lointain. Le dernier fond représentera le castel enchanté.

Ce qui donne le plus de peine à un peintre de théâtre, ce n’est pas l’exécution, mais la préparation de son décor, la construction de la maquette de sa petite scène de poupées. Michelon a employé ses deux mois de vacances l’été dernier à ce délicat et consciencieux labeur.

Tout est près sur nature, rochers, sentiers, horizons, teintes du ciel, fougères, lianes, arbres, et, détail curieux, la foret qui marche sera à peu près la reproduction d’un coin de nature presque marseillais ; précisons, d’un coin de nature de Carry qu’on appelle le Tèse.

Il y a là, paraît-il, une petite oasis délicieuse et grandiose à la fois où les chênes, les ormeaux, les figuiers, les platanes mêlent leurs branches et forment le diminutif admirable d’une forêt vierge. Les oiseaux chantent là-dedans à qui mieux mieux, des eaux fraîches y coulent, l’ombrage et les fleurs abondent. Enfin, Michelon a trouvé dans ce paysage les plus beaux thèmes décoratifs qu’il pouvait désirer. Aussi, a-t-il composé sa forêt avec une sorte de joie toute particulière, réalisant une œuvre véritablement remarquable et supposant une patiente infinie, car les cinq plans de la forêt sont tous découpés à jours, de sorte que, sous la lumière, la végétation semble s’animer.

Ce décor ne comprend pas moins de huit cents mètres carrés de toile métallique qu’on pourrait comparer à un formidable dentelle de feuillage, d’un tissu tout à fait minutieux.

Justin et son équipe de machinistes ont transporté le tout au Grand-théâtre, avec une telle adresse, de telles précautions, qu’elle n’a pas perdu une seule feuille en chemin.

Vincent.

Persone correlate

Compositore

Charles SILVER

(1868 - 1949)

Opere correlate

La Belle au bois dormant

Charles SILVER

/

Michel CARRÉ Paul COLLIN

Permalink

https://www.bruzanemediabase.com/it/node/25602

data di pubblicazione : 18/09/23