Uthal de Méhul
Opéra-Comique.
Première représentation d’Uthal, opéra en un acte, paroles de M. de Saint-Victor, musique de M. Méhul.
Larthmor [sic] a été chassé du trône par Uthal, son gendre, il erre dans les forêts de la Calédonie, attendant avec impatience des vengeurs. Tout-à-coup il apperçoit [sic] Malvina, sa fille, qui abandonne un époux coupable pour suivre un père malheureux. Bientôt les guerriers de Fingal arrivent à son secours, &, au point du jour, ils doivent attaquer Uthal qui l’a poursuivi dans sa retraite, & qui est résolu de braver tous les dangers pour lui ravir Malvina. Par des sentiers écartés, Uthal a pénétré jusqu’au camp de Larthmor, & jusques à Malvina ; il veut l’entraîner sur ses pas, elle résiste à ses transports, ses cris éveillent les Bardes, & Uthal se trouve seul & désarmé entre leurs mains ; mais ce n’est qu’aux champs du combat que les amis de Fingal veulent triompher de leurs ennemis, & ils laissent Uthal se réunir à ses compagnons. L’action s’engage à l’instant, Uthal est vaincu, & tombe au pouvoir de ses ennemis. Larthmor le condamne à un éternel exil : Malvina, saisie de douleur, forcée de choisir entre un époux & un père, déclare qu’elle appartient au plus malheureux. Tant de magnanimité attendrit Uthal ; il tombe aux pieds de Larthmor, qui pardonne à ses crimes, pour récompenser la piété de Malvina.
On doit regretter que l’auteur n’ait point transporté ce sujet sur la scène de l’Opéra, & même sur la scène tragique. Le caractère de Malvina, abandonnant son époux coupable pour consoler un père malheureux, & bientôt retournant à cet époux alors que la fortune lui devient contraire ; ce caractère, développé avec le talent qui distingue l’auteur, pouvoit remplir toute une tragédie, & on a peine à concevoir que M. de Saint-Victor se soit décidé à le renfermer dans un seul acte. Il a nécessairement perdu une partie des beautés qui appartenoient à son sujet. Les caractères d’Uthal & de Larthmor, qui, habilement contrastés, devoient rendre l’action plus pathétique & plus touchante, ne sont qu’indiqués. Les principales situations sont précipitées, & quelquefois peu vraisemblables ; mais l’intérêt réel du sujet, la noblesse des sentimens, la vérité du dialogue, & le mérite d’un style toujours élégant & pur, devoient, même indépendamment de la musique, assurer le succès de l’ouvrage.
On a reconnu dans cette nouvelle production tout le talent de M. Méhul : la musique a bien la couleur locale ; il y règne un ton vague de mélancolie qui a dû beaucoup plaire aux personnes qui aiment le genre ossianique. Pour obtenir ce résultat, l’auteur n’a pas employé de violons dans son orchestre, il ne s’est servi que de quintes & d’instrumens à vent ; on pouvoit craindre que sa musique n’en parût un peu monotone, mais il a su en varier les effets avec toute l’habileté d’un grand maître. Le premier air de Larthmor a un caractère sombre & auguste qui convient à un vieillard & à un roi outragé par ses enfants. L’entrée des Bardes est d’un effet très-original & très-piquant ; la romance d’Uthal est très-touchante & a paru digne des plus belles romances de M. Méhul ; cet ouvrage doit lui faire beaucoup d’honneur.
On n’a rien négligé pour assurer le succès de la pièce. Les décorations en sont fort pittoresques, les costumes ont été établis avec soin, & tous les acteurs ont fort bien joué leurs rôles, sur-tout Mme Scio qui, dans celui de Malvina, a développé beaucoup de noblesses & de sensibilité.
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Uthal
Étienne-Nicolas MÉHUL
/Jacques-Maximilien-Benjamin Bins de SAINT-VICTOR
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data di pubblicazione : 15/09/23