Palmarès du prix de Rome

Le sujet de la cantate pour le grand prix de composition était emprunté au fameux épisode de Velléda, dans les Martyrs, de M. de Châteaubriand. Les morceaux couronnés ont été exécutés avec un brillant ensemble par Ponchard, mesdames Dorus-Gras, Naux, Flécheux. Les accompagnateurs étaient MM. Fessy, Rifaut, Potier. L’Académie des Beaux-Arts fera entendre, le 8 octobre prochain, en séance solennelle, la cantate de M. Boisselot, pour lequel M. Méry, l’un de nos rédacteurs, a écrit un poème d’opéra intitulé : Le duc Alexandre, sujet emprunté à l’histoire de Florence, au temps des Médicis. Il est également honorable, et pour le musicien, d’avoir inspiré cette confiance à un poète distingué ; et pour le poète, d’avoir su devancer le jugement de l’Académie, et deviner et encourager le talent avant son triomphe. [...]

Dans la séance du samedi 4 juin, l’Académie des Beaux-Arts a décerné le premier grand prix de composition à M. Xavier Boisselot, de Montpellier, élève de M. Fétis pour le contrepoint, et de M. Lesueur pour la composition. Le deuxième grand prix a été obtenu par M. Bezozzi, de Paris, élève de M. Lesueur. Ce concours a été, dit-on, des plus remarquables. Triste perspective qui s’offre à deux jeunes artistes dignes de tant d’intérêt et d’encouragemens ! L’Académie des Beaux-Arts les appelle en vain par son suffrage à se produire sur la scène. Le veto ministériel qui s’oppose à la création d’un second théâtre d’opéra comique, livre d’avance les essais dramatiques des deux lauréats à une proscription bien longue, si elle n’est pas éternelle. Ils auront à se débattre contre des dégoûts et des humiliations innombrables, et leurs fraîches inspirations, auxquelles ne s’ouvrira point un théâtre hospitalier, se flétriront peut-être dans leur fleur, en ne leur laissant pour ressource que le pénible métier de courir le cachet. Puisse cette affligeante prévision, trop justifiée par ce qui se passe journellement sous nos yeux, ne pas se réaliser pour eux dans l’avenir ! Puisse l’excès du mal y apporter bientôt le remède ! Puisse une tardive satisfaction, donnée enfin par l’autorité au plus impérieux besoin de l’art musical, ouvrir un asile à ces deux jeunes talens, comme à tant d’autres, qui se perdent dans un découragement absolu !