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Théâtre national de l'Opéra. Namouna

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THÉÂTRE NATIONAL DE L’OPÉRA
Namouna, ballet en deux actes et trois tableaux, par MM. Nuitter et Petipa, musique de M. Edouard Lalo.

La scène est à Corfou, « dans un ancien palais, – dit le livret, – qui a conservé quelques restes de sa première splendeur… » Il fait nuit, et dans le palais éclairé, des étrangers sont réunis et jouent pour passer le temps. On joue gros jeu et une partie furieuse s’engage entre un jeune gentilhomme, Ottavio, et un seigneur de mine douteuse, Adriani. Adriani n’a pas de chance, il perd, il perd toujours ; il vide ses coffres, il joue jusqu’à la tartane qui l’a amené et tout l’équipage par-dessus le marché. – Perdue la tartane, perdu l’équipage. Enfin n’ayant plus rien à opposer à son heureux adversaire, Adriani joue son esclave Namouna qu’un jeune serviteur amène la figure couverte d’un voile. Ottavio gagne l’esclave, forcé d’accepter ce bizarre enjeu. Adriani rugit de rage. Mais il faut bien qu’il se résigne. Namouna est livrée à Ottavio, qui sans vouloir soulever la gaze épaisse qui cache ses traits, lui rend généreusement la liberté. Namouna émue et reconnaissante s’agenouille devant son sauveur, lui baise respectueusement la main et lui offre la moitié du bouquet qu’elle porte à sa ceinture. Ottavio accepte le cadeau et met à la disposition de Namouna les trésors, la tartane et l’équipage d’Adriani. Un jeune esclave, Andrikès, paraît tout particulièrement dévoué à Namouna.

*

Peut-être trouverez vous qu’Ottavio est un gentilhomme bien peu curieux, peu galant pour l’esclave qu’il a gagnée et qu’il a deviné être charmante. La raison de son indifférence c’est qu’il aime ailleurs. Nous le retrouvons en effet sous le balcon d’une jolie femme, une jeune dame de Corfou, à laquelle il envoie des baisers passionnés. Pendant qu’il exprime ainsi son amour, survient le farouche Adriani qui lui cherche querelle. On tire l’épée. Mais une femme masquée, prévenue par Andrikès, apparaît. C’est Namouna qui sépare les combattants en se glissant entre leurs épées, et dansant en leur jetant des fleurs Le jour ne tarde pas à luire, la foule accourt, le duel est devenu impossible et le combat fait place aux danses, aux jeux, aux divertissements.

Héléna contemple ce spectacle du haut de son balcon. Ottavio la salue et elle reçoit ce salut froidement. En ce moment Namouna, toute parée de ses attraits maintenant, s’approche de lui et lui dit en souriant : « Cette femme que tu aimes ne t’aime pas. » Ottavio regarde Namouna, la trouve ravissante, ce qui devait arriver, et oublie Héléna pour contempler l’esclave qui se livre envers lui à mille séduisantes coquetteries.

Ottavio pourtant cherche à rentrer en grâce auprès d’Héléna. Namouna restée seule, se voit accostée par le terrible Adriani qui essaie de la ressaisir et qu’elle repousse. Alors Adriani essaie tout simplement de faire assassiner son rival Ottavio par quatre hommes de mauvaise mine. C’est encore Namouna qui le sauve des spadassins, et Namouna grâce au concours de gens à elle, enlève Ottavio, le fait transporter sur sa tartane… histoire de mettre le jeune homme en sûreté.

*

Et l’on conduit Ottavio dans une île où il est reçu à merveille par les anciennes compagnes d’esclavage de Namouna – que celle-ci, devenue riche, a voulu revoir et délivrer. Grande joie parmi les femmes. Le marchand Ali les échange contre l’or de Namouna. Et Ottavio, se réveillant d’un doux sommeil, apprend que Namouna l’aime, et alors il se met à aimer Namouna.

Mais Adriani reparaît à la tête d’une bande de forbans. Il tient à rattraper ce qu’il a perdu, à se venger d’Ottavio, à reconquérir Namouna. Une partie de la bande se laisse désarmer par les femmes dévouées à Namouna. Mais d’autres brigands se sont emparés d’Ottavio.

Adriani tient son rival. Quant aux hommes qui se sont laissé prendre au piège tendu par les créatures séduisantes auxquelles ils n’ont pu résister, il les gourmande et leur reproche leur lâcheté, et leur dit que ces femmes sont, après tout, leurs esclaves. Il commande une fête où ils seront servis précisément par ces trop aimables tentatrices. La fête dégénère en orgie, les hommes se grisent, Adriani se laisse verser à boire par Namouna. La surveillance dont Ottavio était l’objet se relâche, Namouna fait échapper son amant. – Une barque est là, toute prête. – Ottavio et son Namouna y montent après s’être débarrasser des forbans qui les poursuivent en leur jetant des bourses pleines d’or. Mais Adriani se réveille, il aperçoit les fugitifs, il arme son pistolet, il va tirer quand le brave petit Andrikès frappe le misérable de son poignard.

Et la barque s’éloigne emportant Namouna et Ottavio, et laissant Adriani blessé et ses hommes presque tous ivres sur le rivage.

Telle est l’analyse de ce ballet que M. Vaucorbeil vient de nous offrir, qu’il a magnifiquement monté et que la Sangalli remplit de sa grâce, de son élégance, de toutes les séductions qui font d’elle la plus adorable des danseuses.

Pourquoi donc avait-on dit que Mlle Sangalli renonçait à ce rôle charmant qui lui a valu un si grand succès. Convenez qu’elle aurait grand tort, car jamais elle n’a été plus applaudie, plus fêtée.

Passons.

Le succès, le public ne l’a pas marchandé à Mlle Sangalli. Il le lui a fait aussi éclatant que possible. De son côté, Mlle Sangalli ne s’est pas ménagée, il faut le dire, pour justifier et obtenir ce grand triomphe. Son rôle est long, compliqué, varié. Outre les scènes jouées, cinq grands pas redoutables à exécuter. Ce rôle serait déclaré fatigant, écrasant, si ce n’était la Sangalli qui danse. Mais de fatigues, pas l’apparence chez cette ballerine infatigable. Elle s’est montrée aussi vive, aussi légère, aussi agile, aussi savante et irréprochable à la fin qu’au commencement. On lui a même fait bisser son quatrième pas, et elle a recommencé comme si elle eut été au bout de sa tâche, comme si elle n’avait pas eu d’autres périls à braver. Et le public, cruel dans son admiration, lui aurait fait volontiers recommencer tout son rôle.

Après Mlle Sangalli, citons Mérante, jeune, distingué, d’une élégante dans le rôle d’Ottavio, un « acteur » remarquable, un danseur hors ligne.

Citons Vasquez, qui est un délicieux danseur.

Tout cela est charmant, brillant, chatoyant – et la très jolie et mélodique musique de M. Lalo accompagne le plus heureusement du monde cette fantaisie pleine de ces éblouissements qu’on ne trouve qu’à l’Opéra.

Achille Denis.

Persone correlate

Letterato, Giornalista

Achille DENIS

(Vers 1817 - 1889)

Compositore

Édouard LALO

(1823 - 1892)

Opere correlate

Namouna

Édouard LALO

/

Charles NUITTER

Permalink

https://www.bruzanemediabase.com/it/node/63803

data di pubblicazione : 01/11/23