Les Beignets du roi

Alors qu’il compose pour les cafés-concerts et notamment l’Eldorado, Bernicat travaille aussi comme arrangeur et orchestrateur avec Robert Planquette. C’est dans ce contexte qu’il rencontre Albert Carré, alors acteur de la troupe du Vaudeville. Les deux hommes écrivent ensemble un opéra-comique d’après Les Beignets à la cour de Benjamin Antier, une comédie en deux actes mêlés de chants, créée au Palais-Royal en 1835 avec Déjazet. L’argument se situe autour des 15 ans de Louis XV, qui ne s’intéresse alors qu’à la gastronomie et particulièrement à une recette de beignets que lui révèle une jeune couventine. Quand celle-ci obtient la faveur du jeune roi, c’est toute la cour qui s’emploie à dénouer ou alimenter la situation en une série de quiproquos. L’écriture musicale gracieuse et l’orchestration délicate de Bernicat servent idéalement le propos dramatique et la partition compte de belles pages dont le chœur des pensionnaires ou le trio des lettres. Initialement destinés au Théâtre Cluny, Les Beignets du roi ne trouvent preneur jusqu’à ce que la chanteuse Hélène Chevrier, pressentie dans la distribution, soumette le projet au directeur des Fantaisies-Parisiennes de Bruxelles. L’œuvre y est créée avec succès le 10 février 1882 et tient l’affiche durant 70 représentations. Si Bernicat meurt prématurément l’année suivante, Carré se voit passer commande de nouveaux livrets. En 1888, la partition est remaniée par Messager qui rencontre alors Carré, dont il allait devenir le plus fidèle ami et collaborateur. C’est sous un titre nouveau, Les Premières armes de Louis XV, que cette version est créée à Paris, au Théâtre des Menus-Plaisirs, le 16 février 1888.