La Chevauchée du Cid op. 11

En 1871, d’Indy compose Au galop, « mélodie espagnole » sur une poésie de Robert de Bonnières. En 1876, il opère une refonte complète de celle-ci pour la transformer en une véritable scène dramatique : La Chevauchée du Cid. Ayant assisté entre-temps à une reprise de la pièce de Corneille à la Comédie-Française en 1872 avec Mounet-Sully dans le rôle de Rodrigue, il identifie son soliste au héros de la reconquista. La « mise en scène » est complétée par l’adjonction d’un chœur mixte dont les refrains guerriers préfigurent certaines scènes de Fervaal, tandis que les femmes langoureuses promettent au héros la plus jolie d’entre elles. La stylisation de la course du cheval par le rythme obstiné de l’accompagnement rappelle les mélodies de Duparc Le Galop et Le Manoir de Rosemonde (sur un texte du même poète) – l’héroïsme en plus. Cette Chevauchée partage aussi avec La Fuite de Saint-Saëns pour ténor et chœur de femmes (Nuit persane, 1891) un caractère vaguement orientalisant, d’Indy jouant sur l’ambiguïté d’un mode de la sur do dièse, entre autres emprunts à la modalité. Reçue à la Société nationale de musique en 1876, La Chevauchée du Cid est créée par son dédicataire, le baryton Théophile Manoury, qui avait débuté à l’Opéra en 1874. « C’est le premier succès de public que j’aie, mais cela ne me grise pas du tout, car je m’y attendais » note d’Indy dans son journal intime. En 1879, il en réalisa une orchestration qui fut donnée aux Concerts Colonne en 1884, à Anvers en 1885, etc.