Le Désert

Composé en 1843, Le Désert fut créé au Conservatoire le 8 décembre 1844 avant de connaître un succès éclatant au Théâtre-Italien sous la direction de Théophile Tilmant quelques jours plus tard. « Ode-symphonie » (genre créé pour l’occasion par David) pour ténor, chœur, orchestre et récitant, l’œuvre se situe à mi-chemin entre la symphonie et l’oratorio. Elle repose sur une alternance entre pièces instrumentales, airs, chœurs et récitations. L’ouvrage s’inscrit dans le courant orientaliste stimulé par les voyages des artistes ainsi que par la diffusion de récits et d’œuvres d’art inspirés par un ailleurs plus ou moins fantasmatique. En une succession de tableaux musicaux, Le Désert décrit le paysage à la fois visuel et sonore que traverse une caravane dans le Sahara. En 1831, David avait rejoint la communauté des saint-simoniens de Ménilmontant et il était devenu leur compositeur officiel. En 1833, il était parti aux côtés de plusieurs condisciples prêcher la doctrine forgée par Prosper Enfantin en Orient où il avait noté plusieurs mélodies arabes. Son ode-symphonie comporte un grand nombre de références à cet ailleurs musical qui avait tant frappé le compositeur. De l’imaginaire prière du muezzin écrite sur des paroles à moitié inventées à la plus authentique « Rêverie du soir » qui clôt la deuxième partie de l’ouvrage (construite sur une mélodie de bateliers du Nil dont on trouve trace ailleurs, notamment dans la Description de l’Égypte de Villoteau publiée après l’expédition napoléonienne de 1797), on explore toutes sortes de cas de figures en matière d’orientalisme musical. L’œuvre connut un très grand succès lors de sa création puis tout au long du XIX^e siècle.